En marge du XVème Sommet de la Francophonie, organisé ce week-end à Dakar, l’Union mondiale francophone de taekwondo (UMFT) a dressé le décor de sa Coupe du Monde, vendredi 28 et samedi 29 novembre, dans la capitale sénégalaise. Son président, le Français Roger Piarulli, en explique l’influence. Et évoque les perspectives olympiques de la discipline.
FrancsJeux : Que représente une Coupe du Monde francophone cet événement pour le taekwondo mondial ?
Roger Piarulli : Nous avons eu l’idée de cette compétition en 2001, à Dakar. Elle a tout de suite eu le label Coupe du Monde, avant d’être homologuée par la Fédération internationale (WTF) en 2009. Aujourd’hui, elle distribue des points pour le classement mondial, lui-même décisif pour la qualification aux Jeux olympiques. Elle rassemble en moyenne 25 pays. En Afrique, où a été organisée la majorité de ses éditions, elle constitue un véritable événement, à la fois sportif et populaire. En Tunisie, par exemple, la Coupe du Monde a attiré 5000 spectateurs.
En organiser la 10ème édition à Dakar, où avait eu lieu la première, était une forme de retour aux sources ?
A l’origine, son organisation avait été confiée au Burkina Faso. Mais les troubles politiques qui secouent ce pays nous ont conduits, dès le mois de mars dernier, à choisir un autre lieu. Dakar et le Sénégal recevant le Sommet de la Francophonie, il nous a semblé judicieux de déplacer la Coupe du Monde dans la capitale sénégalaise. Une occasion pour nous de rendre hommage à Abdou Diouf, le Secrétaire général de l’OIF.
Où se tiendra la prochaine édition ?
Elle a été attribuée, pour 2015, à la ville marocaine d’Agadir. Nous sommes très attachés, malgré certains avis contraires au sein du taekwondo mondial, à organiser la Coupe du Monde francophone tous les ans. Une telle périodicité constitue un réel challenge, mais la francophonie sportive doit vivre. Et elle doit vivre par ses événements.
Quel héritage une telle compétition laisse-t-elle dans les pays où elle fait étape ?
A Dakar, la Fédération française de taekwondo a apporté les tapis de compétition, les plastrons électroniques et les machines à compter les points. Mais nous ne ramènerons pas ce matériel. Il restera au Sénégal. Les pays africains vouent une grande passion à notre discipline, mais ils n’ont pas les moyens de suivre son évolution technologique. Ils ont besoin de notre aide. L’héritage se mesure également en termes de formation. Pour cette 10ème Coupe du Monde, nous avons fait venir les quatre meilleurs arbitres mondiaux. Ils ont fait progresser, par leur présence, les cadres et les juges africains.
Peut-on parler d’un réseau francophone dans le taekwondo ?
Certainement. Le taekwondo est un sport d’origine et de culture coréennes, à dominante anglophone, mais les francophones y jouissent aujourd’hui d’une énorme influence. Il s’est imposé comme le premier sport de combat dans plusieurs pays africains francophones, comme le Sénégal ou la Côte d’Ivoire. Le Gabon a décroché aux Jeux de Londres la première médaille olympique de son histoire, tous sports confondus, en taekwondo.
Le taekwondo a parfois été cité parmi les sports menacés par une réforme du programme olympique. La menace de ne plus être aux Jeux pèse-t-elle toujours ?
Non. Nous étions menacés après les Jeux de Pékin car les règles d’arbitrage manquaient de transparence. Les francophones, nous sommes intervenus pour pousser à une réforme qui rende notre sport transparent, fair-play et spectaculaire. Depuis, il s’est doté de plastrons et de casques électroniques, ainsi que d’un système de ralenti vidéo.
Malgré tout, craignez-vous les effets de l’Agenda 2020 du CIO sur votre présence aux Jeux ?
Non. Aux championnats du monde, le programme compte huit catégories de poids, chez les hommes comme chez les femmes. Aux Jeux, nous en avons seulement la moitié. Avec 128 athlètes, le taekwondo est le moins représenté des sports de combat. Il semble difficile d’en réduire la présence aux Jeux. Avec 70 millions de pratiquants sur la planète, et 148 pays présents aux derniers Mondiaux, il est pourtant le plus universel. Thomas Bach cite souvent l’exemple du taekwondo…
L’impact médiatique compte parmi les critères étudiés par le CIO pour évaluer les sports et leur présence aux Jeux. Dans ce domaine, comment se situe le taekwondo ?
Nous avons encore à progresser. Mais nous travaillons beaucoup en direction des jeunes. Aujourd’hui, les médias traditionnels sont en déclin. Nous avons donc porté nos efforts sur les nouvelles technologies en créant, par exemple, plusieurs applications pour smartphones. .dédiées à notre discipline.