La 127ème session du CIO, qui s’est tenue lundi et mardi à Monaco, n’a pas seulement rassemblé près d’une centaine de membres de l’institution olympique. Les présidents de fédérations internationales ont été nombreux à faire le voyage en Principauté, attentifs à suivre de l’intérieur une évolution dont l’impact pourrait être important sur le paysage sportif. Jean-Christophe Rolland, le président de la Fédération internationale d’aviron, était de ceux-là. Il a répondu à Monaco aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux: Qu’avez-vous pensé de l’adoption de l’Agenda 2020 par le CIO, notamment sur la question de l’assouplissement du programme olympique?
Jean-Christophe Rolland: Cette question correspond à une requête légitime de faire entrer des sports qui frappent à la porte depuis une certain temps. Jusqu’à maintenant, en limiter le nombre revenait à distinguer deux catégories: ceux qui sont à l’intérieur et se sentent privilégiés, et ceux qui restent dehors et en tirent une frustration. L’assouplissement du programme était donc légitime. Maintenant, il reste une question: comment résoudre l’équation qui consiste à faire entrer de nouveaux sports sans augmenter le nombre d’athlètes. Cette équation s’annonce difficile à résoudre.
Sur cette question, le CIO n’a pas vraiment répondu…
Non, en effet. Je suis arrivé à Monaco avec ma lecture des recommandations et une certaine compréhension. J’attendais une plus grande clarification. J’ai obtenu l’effet inverse.
Thomas Bach a précisé en conférence de presse que le comité d’organisation des Jeux aurait à proposer son programme, avec des sports nouveaux et une solution pour ne pas augmenter le nombre d’athlètes…
Le comité d’organisation aura, en effet, un programme à proposer, en fonction des spécificités locales. Mais la souplesse apportée par le CIO permettra à des sports d’intégrer le programme des Jeux indépendamment du choix du comité d’organisation local des Jeux. Cela nous fait deux entrées différentes. Et toujours la même question: comment y parvenir?
L’aviron sera-t-il concerné?
Je ne pense pas qu’il y ait, pour l’aviron, un risque de diminution du nombre d’épreuves et de médailles aux Jeux. Mais deux aspects m’inquiètent. Le premier concerne les quotas. Est-ce que nous aurons droit à moins d’athlètes aux Jeux, pour faire de la place à d’autres? Aujourd’hui, je ne sais pas, mais la question existe. Deuxièmement, la souplesse voulue dans le processus de candidature peut amener des villes à proposer, pour réduire les coûts, de faire disputer l’aviron sur des sites déjà existants. Sur le principe, je ne suis pas contre. Mais pour l’aviron, les Jeux ont souvent été une occasion de développer notre sport et ses bassins. Plusieurs plans d’eau ont été construits spécialement pour des Jeux. Il est probable que ce ne sera plus le cas. L’aspect héritage des Jeux risque de perdre de sa puissance. Nous allons perdre des opportunités de développement.
Les Français sont repartis de Monaco avec le sentiment que les changements opérés par le CIO allaient dans le sens de ce qu’ils préparent pour une éventuelle candidature de Paris aux Jeux de 2024. Partagez-vous leur avis?
Les choses seront moins formatées, c’est une bonne chose. Paris pourra proposer une candidature différente, qui ne rentrera pas forcément dans le cadre que nous avons vu ces dernières années, avec des agences qui formataient le dossier et la victoire qui allait à la meilleure présentation. Il faudra intégrer ce nouvel élément dans le processus d’une possible candidature de Paris aux Jeux de 2024. Mais ces changements seront-ils, ou non, favorables à un dossier parisien? Aujourd’hui, je ne saurais pas le dire.
Photo: Aviron France