L’Agenda 2020 aura-t-il un impact sur le cyclisme? Brian Cookson, le président de l’Union Cycliste Internationale (UCI), a fait le voyage à Monaco pour la 127ème session du CIO, en début de semaine, avec l’espoir d’obtenir un début de réponse. Le dirigeant britannique se dit optimiste mais attentif. Il l’a expliqué à FrancsJeux.
FrancsJeux: Qu’avez-vous pensé des travaux de la 127ème session du CIO et de l’unanimité qui s’est dégagée en faveur de l’Agenda 2020?
Brian Cookson: J’ai trouvé les débats intéressants et constructifs. Une nouvelle donne se met en place, avec une volonté de souplesse dans le programme des Jeux. Je l’encourage. Certaines idées nouvelles ont été évoquées, dont la possibilité d’introduire des épreuves mixtes, hommes et femmes. Dans le cyclisme, nous n’avons aucune tradition en ce sens, mais nous allons suivre tout cela de près. Il va nous falloir consulter nos fédérations nationales, réfléchir à la façon de proposer des épreuves mixtes et sans doute organiser des compétitions tests. Mais nous sommes ouverts au changement.
Le cyclisme peut-il bénéficier de l’assouplissement du programme?
Nous n’en sommes pas là. Notre objectif aujourd’hui est de conserver les épreuves déjà présentes dans le programme, en cyclisme sur route, piste, BMX et VTT. Mais nous allons aussi réfléchir à proposer de la nouveauté.
Thomas Bach a précisé que le choix des nouveaux sports ou disciplines pourrait venir du comité d’organisation des Jeux, en fonction notamment des spécificités locales. Que pourrait-il se passer avec des Jeux organisés dans un pays peu tourné vers le cyclisme?
Le comité d’organisation ne sera pas seul à choisir, les fédérations internationales auront également leur mot à dire. Il nous reviendra de proposer un programme. Mais je pense que nous en saurons un peu plus sur cette question dans les mois à venir.
Vous dites avoir avant tout la volonté de conserver dans le programme des Jeux les épreuves déjà présentes. Certaines d’entre elles sont-elles plus menacées que d’autres?
Je ne crois pas que le cyclisme soit réellement menacé. A ma connaissance, il n’existe pas de menace de perdre certaines épreuves. Depuis les Jeux de Londres, où toutes les compétitions de cyclisme ont connu un très grand succès, nous sommes perçus comme l’un des sports les plus forts du programme olympique. A nous de nous montrer novateurs et proposer des idées nouvelles, notamment dans le domaine de la parité. Nous pourrions imaginer, par exemple, une épreuve de vitesse par équipes mixte sur la piste, ou un relais mixte en VTT, et même pourquoi pas une épreuve d’omnium qui réunirait un homme et une femme. Nous traversons aujourd’hui une période très intéressante, où les choses changent, avec beaucoup d’ouverture possible pour les sports qui sauront en profiter.
La féminisation du cyclisme comptait parmi vos thèmes de campagne à la présidence de l’UCI. Jusqu’où êtes-vous prêts à aller sur ce terrain?
Je crois que nous avons déjà réalisé pas mal de progrès. Et cela va continuer. L’an prochain, nous aurons deux nouvelles épreuves au programme de la Coupe du Monde féminine, en Californie et à Philadelphie. Nous allons également essayer d’établir des liens encore plus directs entre les épreuves féminines et le World Tour masculin, à l’image de ce que les organisateurs du Tour de France ont fait cette année en créant La Course. Aujourd’hui, la voix des cyclistes féminines se fait entendre, les femmes sont de plus en plus représentées dans les commissions de l’ICI. Les choses évoluent, mais on ne peut pas effacer d’un coup un siècle d’histoire.
Que pensez-vous de la création d’une chaîne de télévision olympique?
C’est une bonne idée, car cette chaîne peut créer de nouvelles opportunités pour les fédérations internationales de donner de la visibilité à leurs événements. Mais il faudra voir en quoi cette chaîne olympique va modifier le paysage médiatique et s’accorder avec les contrats déjà en place avec les diffuseurs traditionnels.
Le cyclisme est-il aujourd’hui un sport facile à vendre aux chaînes de télévision?
Non. La période est difficile pour le cyclisme, comme elle l’est pour beaucoup de disciplines olympiques. Aujourd’hui, nous devons payer pour obtenir une diffusion de la plupart de nos championnats du monde. Assurer la production télé d’un Mondial sur route coûte extrêmement cher.
Quelles nouvelles avez-vous des travaux à Rio pour les Jeux de 2016?
Il reste beaucoup de travail à accomplir à Rio avant 2016, notamment au vélodrome et sur le parcours de VTT. Nous travaillons de façon étroite avec les Brésiliens, nous faisons notre maximum pour les aider. Je suis optimiste, ils seront prêts à temps. Nous venons juste de dévoiler le parcours du cyclisme sur route. Il sera sélectif, très beau et intéressant.