Ce n’était donc pas un canular. David Ginola, 47 ans, l’ancien attaquant français, passé par le PSG, Newcastle, Tottenham et Aston Villa, a bien décidé de se présenter à la présidence de la FIFA. Il a confirmé vendredi après-midi, depuis la Grande-Bretagne, sa décision de se poser en rival de Sepp Blatter. Mais, problème, l’annonce en a été faite en présence d’un invité aussi surprise que lui, un bookmaker irlandais présenté comme son bailleur de fonds.
L’ancien joueur ne s’en cache pas: ses chances de devancer Sepp Blatter dans la course à la présidence sont minces. A l’écouter, elles seraient mêmes quasi inexistantes. « Je n’ai pratiquement aucune chance d’être élu. Mais si ça peut faire bouger les choses… », a-t-il plaidé. Avant d’ajouter, sans réellement entrer dans les détails d’un programme qu’on devine encore assez flou: « Nous savons tous que le système actuel ne marche pas. Je propose de faire campagne avec et pour les gens. Le foot, c’est de la passion. La tâche est immense, c’est pour ça que j’ai besoin de votre soutien. » Il fallait y penser.
Sur le principe, la démarche semble plutôt sympathique. A l’heure où la FIFA traverse une sérieuse crise de gouvernance, voir sortir du bois un ancien joueur assez audacieux pour oser secouer le cocotier peut faire plaisir à voir. Seul ennui, mais de taille: les motivations de David Ginola se révèlent plus mercantiles que réellement militantes. Lui-même l’a avoué: sa campagne sera financée par un bookmaker irlandais, Paddy Power. Plus douteux: son commanditaire lui aurait versé 250.000 livres (environ 327.000 euros) pour qu’il se lance dans la bataille.
Le bookmaker en question est déjà entré en action, en finançant et diffusant la conférence d’annonce de la candidature de son poulain. Une démarche que David Ginola justifie à sa façon: « Nous avons besoin d’argent pour la campagne. » Soit. Un espace dédié a été prévu sur le site de Paddy Power, avec un objectif: récolter environ 3 millions d’euros pour permettre au candidat Ginola d’arriver à bon port, c’est-à-dire jusqu’à Zurich où se déroulera l’élection le 29 mai 2015.
Reste un problème pour le candidat. Et il n’est pas mince. Les textes de la FIFA prévoient que les candidats à la présidence doivent avoir joué un rôle actif dans l’administration du football, à l’échelon national ou international, pendant deux de ces cinq dernières années. Jusqu’à preuve du contraire, le seul rôle actif joué par David Ginola depuis sa retraite des terrains a consisté à commenter des rencontres du football anglais pour les chaînes du groupe Canal +.
Il lui faudra également obtenir, avant le 29 janvier, les parrainages de cinq fédérations nationales. « Ça ne sera pas facile et je le sais », reconnaît-il. Sepp Blatter peut dormir tranquille: le danger ne viendra pas de David Ginola et de son allié irlandais.