Sacré contraste. Aux Etats-Unis, la désignation de Boston comme ville requérante aux Jeux d’été de 2024 divise déjà partisans et opposants. D’un côté, une opinion publique majoritairement favorable. De l’autre, une presse assez tiède, voire franchement hostile.
L’opinion, d’abord. Selon un sondage réalisé la semaine passée auprès de la population du Massachusetts par Sage Consulting, un organisme indépendant, 55% des personnes interrogées se disent favorables aux Jeux d’été dans leur ville. Elles sont 40% à exprimer une opinion contraire. Et seulement 5% à se déclarer sans opinion. Un premier indicateur qui justifie, pour le Boston Globe, la décision du maire Marty Walsh de ne pas organiser de référendum sur la question olympique.
Mais le même sondage révèle un résultat moins positif à la question du financement des Jeux. Les habitants de Boston se disent opposés aux Jeux à 61% dans l’hypothèse où une partie de leurs impôts serait utilisée pour l’événement. En clair, les « Bostoniens » veulent bien des JO sur leur sol, mais à condition de ne pas avoir à dépenser un seul dollar pour en construire le décor. Classique.
Le tableau semble nettement moins lumineux du côté des médias américains. Ils sont nombreux, parmi les journalistes, à se montrer sceptiques sur le choix de Boston. Et nombreux également à exprimer leurs doutes quant à l’intérêt des Etats-Unis de postuler aux Jeux d’été.
USA Today a dégainé le premier en publiant le 9 janvier dernier sur son site un long article signé Nat Scott, un chroniqueur du Massachusetts, à charge contre la décision de l’USOC. Le journaliste détaille par le menu les « 9 raisons » qui font de Boston un très mauvais choix pour les Jeux d’été. Il cite, en vrac, les problèmes de trafic, la faiblesse des transports publics, l’absence d’un stade olympique, le manque d’hôtels et la présence d’une opposition au projet active et très organisée.
La radio nationale américaine, NPR, a rapidement suivi le mouvement. Frank Deford, l’un des chroniqueurs sportifs les plus écoutés, a consacré le 14 janvier un sujet très critique à l’égard des Jeux olympiques et de leur impact. N’hésitant à prédire à Boston un sort comparable à celui d’Athènes après les JO de 2004, le journaliste annonce le pire pour la ville dans l’hypothèse où le CIO la choisirait pour organiser la quinzaine olympique. Et il se montre très sceptique quant à l’idée de construire un stade temporaire de 60.000 places.
Frank Deford ne fait pas dans la nuance. Surtout, il cite comme référence à ses propos un livre à paraître fin février aux Etats-Unis, Circus Maximus, consacré à l’impact économique des Jeux et de la Coupe du Monde de football. Son auteur, le journaliste Andrew Zimbalist, assure chiffres à l’appui que les Jeux ne constituent en aucune manière un atout pour une ville en quête d’une image internationale. Il prédit également que l’impact de l’événement se révélera négatif en termes de tourisme, à court ou moyen termes.