Par ses moyens et ses ambitions, le Qatar fait de l’ombre à tous ses voisins du Moyen-Orient lorsqu’il est question de sport. Mais tous n’ont pas renoncé à jouer un rôle dans le paysage sportif international. L’Arabie Saoudite, par exemple. Le plus vaste pays de la région, avec près de 30 millions d’habitants, ne manque pas de projets, en termes d’événements et d’infrastructures. Conseiller du président du comité olympique d’Arabie Saoudite pour les questions internationales, le Prince Fahad J. A. Al-Saud l’a expliqué à FrancsJeux.
FrancsJeux: Comment parvenez-vous à exister, sur la carte du monde sportif, en étant à ce point dans l’ombre du Qatar?
Prince Fahad J. A. Al-Saud: Comparer nos deux pays n’a pas beaucoup de sens. L’Arabie Saoudite n’a pas besoin du sport pour se faire connaître. Nous sommes une grande nation, avec un long passé, très connue au niveau international par son influence politique et économique. Nous n’avons jamais utilisé le sport comme un outil stratégique pour nous offrir une visibilité.
Quelle importance accordez-vous au sport dans vos relations internationales?
Nous ne le négligeons pas, loin de là. Nous avons toujours organisé des grands événements sportifs, et nous continuerons. L’Arabie Saoudite est à l’origine de la création de la Coupe des Confédérations de football, une compétition dont nous avons accueilli les trois premières éditions, en 1995, 1995 et 1997 (elle portait le nom de King Fahd Cup en 1995 et 1997, ndlr). Nous avons également reçu les premiers Jeux de la solidarité islamique en 2005. Nous sommes représentés au CIO, avec le Prince Nawaf Faisal Fahd Abdulaziz, et dans plusieurs fédérations internationales. Mais nos ambitions sportives sont confrontées à certains freins culturels.
Lesquels?
Le premier tient à la place de la femme dans le sport. Notre société peut se montrer très conservatrice. Elle accepte encore assez mal que les femmes fassent du sport de compétition, en natation notamment. Il n’est pas tellement admis, non plus, de porter une tenue de sport en public. Pour ces raisons culturelles, il nous est difficile de postuler à certains grands événements internationaux.
Les choses pourraient-elles changer?
Nous l’espérons. Cette année, nous devrions pouvoir avancer de façon significative sur la question de la femme dans le sport.
Les résolutions de l’Agenda 2020, votées par le CIO en décembre dernier, ouvrent la porte à la possibilité d’organiser des Jeux olympiques dans deux pays voisins. L’Arabie Saoudite pourrait-elle s’associer avec une autre nation du Moyen-Orient pour déposer un dossier de candidature?
Nous pourrions l’envisager avec Bahreïn. Nous avons toujours entretenu une forme de coopération avec ce pays. Depuis le vote de l’Agenda 2020, nous pouvons envisager une candidature commune. Le Bahreïn recevrait les épreuves féminines, nous aurions de notre côté les compétitions masculines.
Vos infrastructures le permettraient-elles?
Nous avons décidé l’an passé de nous doter d’équipements sportifs dans l’ensemble du pays. Nous allons construire 11 stades d’une capacité minimale de 45.000 places. Nous en aurons ainsi au moins un par région. Mais ces stades ne seront pas isolés, nous voulons bâtir autour une véritable cité sportive, avec des infrastructures permettant de pratiquer différents sports. A terme, l’Arabie Saoudite possédera dans chacune de ses régions un vaste complexe sportif.