La planète badminton n’a jamais beaucoup parlé français. La discipline revendique des origines anglo-saxonnes, une forte présence en Scandinavie et une domination asiatique. Mais la Fédération française (FFBad) lorgne depuis deux ans vers l’international. Avec une stratégie très élaborée, une vision à long terme et les moyens de ses ambitions. Les explications de son président, Richard Remaud.
FrancsJeux: Comment s’articule la stratégie internationale du badminton français?
Richard Remaud: Elle dépasse largement la seule volonté d’organiser sur notre sol des grandes compétitions internationales, même si nous avons musclé notre ambition dans ce domaine, avec un événement par an au cours des dix prochaines années, dont les championnats d’Europe en 2016. Nous avons entrepris, depuis deux ans, de placer des Français dans les instances internationales. Etienne Thobois préside l’Association francophone de badminton, dont j’occupe le poste de trésorier. Il siège également au bureau exécutif de la Fédération internationale de badminton (BWF). Jean-Marc Serfaty est directeur du développement de badminton Europe. Et je suis trésorier de la Confédération méditerranéenne. Nous avons également cherché à multiplier les échanges bilatéraux. Nous avons ainsi signé des accords avec la Chine, l’Angleterre, la Malaisie, le Danemark, l’Indonésie, le Japon… Dans le même temps, nous aidons les pays émergents, en Afrique notamment, à s’organiser et se développer. Nous l’avons fait avec la Côte d’Ivoire, le Rwanda, l’Algérie, la Centrafrique.
A quelle ambition répond cette stratégie internationale?
Nous ne vivons pas seul. Il n’est plus possible, aujourd’hui, de se développer sur son seul territoire, sans avoir une stratégie internationale. Nous partageons le badminton avec près de 200 pays dans le monde, chacun ayant sa propre histoire. Nous ne pouvons pas l’ignorer. Notre ambition tient en un slogan: « Faire du badminton un sport majeur en France et de la France un pays majeur dans le monde. »
Quel rôle peut jouer la francophonie dans une telle stratégie?
Un rôle très important. L’Association francophone de badminton est membre de l’AFCNO (Association francophone de comités nationaux olympiques). Grâce à cette dernière, nous bénéficions d’un jeune volontaire qui met actuellement en place son administration et sa communication. La francophonie est un axe majeur de formation et de développement des compétitions. A l’image du taekwondo, dont nous suivons l’exemple, nous souhaitons créer un événement francophone de badminton.
Quel regard portez-vous sur l’éventuelle candidature de Paris aux Jeux de 2024?
Nous sommes évidemment à fond derrière ce projet olympique. Pour un sport comme le badminton, en plein développement depuis plusieurs années mais encore en manque de moyens humains et d’équipements, les Jeux pourraient laisser un héritage considérable. Nous soutenons le projet. Et nous essayons déjà d’y apporter notre contribution. Notre stratégie internationale vise à faire monter un sentiment de bienveillance du monde du badminton vis à vis de la France. Ca ne se fera pas en une seule réunion. Mais nous devons montrer que la France peut proposer des idées intéressantes à la discipline. Dans cet esprit, nous avons invité l’an passé Poul-Erik Hoyer, le président de la BWF, et plusieurs dirigeants étrangers à assister aux Internationaux de France. Nous avions mis en place une innovation, un système d’éclairage avec des LED. Nous voulions leur montrer que le sport français n’est pas arrogant, mais porteur d’idées et d’initiatives.
La stratégie internationale du badminton français peut-elle se mettre au service des ambitions olympiques de Paris pour les Jeux de 2024?
Bien sûr. Tout comme l’AFCNO, l’Association francophone de badminton participe au travail de diffusion de la France dans le monde sportif.. Quand vous aidez un pays à créer une fédération, quand vous lui apporter une expertise par l’envoi de cadres techniques, il vous est un peu redevable. Et puis, le badminton est porteur de voix pour une candidature olympique. Pas moins de cinq membres du CIO sont directement liés à notre sport: Poul-Erik Hoyer, le président de la BWF, le Prince Frederick du Danemark, un pays où le badminton est le premier sport individuel, Sir Craig Reedie, ancien président de la Fédération internationale, la Chinoise Lingwei Li, multiple championne du monde, et enfin l’Ethiopienne Dagmawit Girmay Berhane, l’actuelle vice-président de la BWF. Peu de sports peuvent en dire autant.