Ils partirent à six, mais combien seront-ils vraiment sur la liste de départ? Une certaine confusion règne dans la course à la présidence de la FIFA, au lendemain de la date limite de dépôt des candidatures, fixée au jeudi 29 janvier à minuit. Un sacré désordre à l’image d’une institution dont l’image en a pris un sacré coup depuis quelques années.
En théorie, le préposé au scrutin de la FIFA devrait compter six noms sur sa liste de postulants: Sepp Blatter, Suisse, le sortant, Ali bin Al-Hussein, Jordanie, le jeunot de la bande, Michael Van Praag, Pays-Bas, l’homme de l’UEFA, Luis Figo, Portugal, le dernier entré, Jérôme Champagne, France, le premier arrivé, David Ginola, France, l’homme-sandwich. Mais le mystère le plus épais entoure les candidatures des trois derniers nommés. Et il faudra sans doute attendre une dizaine de jours avant de savoir combien de candidats ont été validés par la commission électorale de la FIFA.
Une chose est sûre: Joseph Blatter, dit Sepp, président depuis 1998, sera de la partie. Le Suisse a déposé son dossier, comme un grand, dans la journée de jeudi, avant de le faire savoir à toute la planète par un message sur compte Twitter. Classe. Le Suisse peut attendre la suite des événements en dormant sur ses deux oreilles. Il est annoncé favori, malgré son grand âge (79 ans), son image écornée et la montagne de polémiques qui a fini par s’accumuler devant sa porte depuis sa prise de pouvoir en 1998.
Ali bin Al-Hussein, le prince jordanien, peut lui aussi observer l’avenir immédiat sans craindre la catastrophe. Seul représentant du continent asiatique, il peut compter sur les cinq soutiens de fédérations nationales requis pour se lancer dans la bataille. Et il remplit la deuxième condition exigée par les statuts de la FIFA: avoir exercé des fonctions de dirigeant, au niveau national ou international, pendant au moins deux des cinq dernières années. Le Jordanien, pas encore quadragénaire (il avoue 39 ans), siège au Conseil de l’IAAF depuis 2011.
Même constat pour Michael Van Praag, le président de la Fédération néerlandaise de football, l’un des derniers à être sorti du bois pour faire obstacle à Sepp Blatter. A 67 ans, il n’incarne peut-être pas l’avenir, mais il aura certainement une carte à jouer dans l’hypothèse, encore incertaine, où la cinquantaine de fédérations membres de l’UEFA choisirait de se ranger en bon ordre derrière sa silhouette.
Pour le reste, mystère. David Ginola, le candidat du bookmaker irlandais Paddy Power, a créé le buzz tout au long de la journée de jeudi. Sa candidature a semblé enterrée à jamais lorsque son site, « Team Ginola », mis en place pour financer sa campagne, a annoncé sa fermeture et le retour de l’argent à leurs donateurs: « Un grand merci pour avoir soutenu Team Ginola. La page de levée de fonds est maintenant fermée. Tous les dons seront retournés. La campagne pour le changement continue. » A la fermeture du site « Team Ginola », seulement 11% (256.316 livres) de la somme visée (2,3 millions de livres, environ trois millions d’euros) avaient été atteints.
Mais, plus tard dans la soirée, l’ancien attaquant a assuré qu’il était « en attente d’une ou deux confirmations pour disposer des cinq parrainages ». Avant de préciser via un communiqué: « C’est évidemment très difficile. Difficile de porter un message différent dans un système verrouillé. Mais je veux rester confiant. Nous restons dans la course. » Certes. Mais David Ginola aura du mal à persuader la commission électorale qu’il a occupé des fonctions dirigeantes pendant au moins deux ans, à moins que celle-ci considère que commenter le football pour des chaînes de télévision s’apparente d’une certaine façon à une démarche militante. Pas gagné.
Luis Figo, 42 ans, l’ancien Ballon d’Or, jure ses grands dieux avoir les cinq parrainages nécessaires. Ces dernières heures, il a reçu un soutien franc et massif de Patrick Vieira, l’ancien joueur français, et de son compatriote José Mourinho, l’entraîneur de Chelsea. Super. Mais lui aussi plonge le regard vers ses chaussettes au moment de répondre à la question de son expérience de dirigeant du football.
Reste le cas Jérôme Champagne. Le Français, âgé de 56 ans, a longtemps accompagné Sepp Blatter au poste de secrétaire général de la FIFA. Il possède l’expérience, la connaissance du milieu et une certaine reconnaissance des institutions. Mais il n’avait pas encore pu réunir les cinq parrainages à quelques heures seulement de la date limite de dépôt des candidatures.
L’élection à la présidence de la FIFA aura lieu le 29 mai 2015 à Zurich. D’ici là, tout peut arriver. Y compris le pire.