Les choses sont claires. Dans l’hypothèse d’une candidature de Paris aux Jeux d’été de 2024, aujourd’hui hautement probable, le projet serait porté par Bernard Lapasset. L’actuel président de la World Rugby, ex IRB, l’a confirmé jeudi matin après avoir remis à Anne Hidalgo, maire de Paris, le rapport sur l’étude d’opportunité d’une candidature parisienne. Une annonce accompagnée d’une autre: sa décision de ne pas briguer un nouveau mandat à la tête de la Fédération internationale de rugby, après la prochaine Coupe du Monde. Bernard Lapasset s’est même déjà choisi un bras droit: Tony Estanguet. Le triple champion olympique de canoë monoplace, désormais membre du CIO, a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux: Paris n’en est pas à sa première candidature olympique. En quoi le projet Paris 2024 se distingue-t-il des précédents, tous battus?
Tony Estanguet: Nous avons, je crois, tiré les leçons du passé. Pour la première fois, la candidature repose sur une démarche réfléchie, constructive et méthodique. Nous avons pris le temps de mettre en place une organisation intelligente. Et nous nous inscrivons parfaitement dans le timing de la construction du Grand Paris, qui permettra au dossier olympique de bénéficier d’infrastructures et d’équipements nouveaux, notamment en termes de transport, Et puis, nous sommes en phase avec les résolutions de l’Agenda 2020 du CIO, avec un dossier raisonnable et responsable, construit autour de nombreux sites déjà existants.
Quelles vont être les principaux écueils à éviter pour se donner une chance de l’emporter?
La première erreur serait de présenter un dossier franco-français. Nous devons nous adresser au reste du monde, inclure dans notre vision des enjeux nationaux, bien sûr, mais aussi internationaux. Ensuite, ne pas laisser les athlètes à l’écart ou au deuxième plan. Il faut les associer au projet, les impliquer de la façon la plus directe. Les athlètes sont les premiers concernés par les Jeux. Et ce sont eux qui les connaissent le mieux. Enfin, un écueil serait de ne vouloir parler qu’à la famille olympique. Le projet Paris 2024 devra être fédérateur. Il devra s’adresser à toute la société.
Quel rôle allez-vous jouer dans la candidature?
Bernard Lapasset est clairement identifié comme le patron du projet. Il m’a demandé de l’accompagner dans cette aventure. J’avais très envie de m’impliquer. Je suis prêt à me donner à fond, à faire le tour du monde. Mon rôle n’est pas encore précisé, nous n’en sommes pas encore à une candidature déclarée. Mais nous serons toute une équipe, avec d’autres athlètes très impliqués dans le projet.
Guy Drut, l’autre membre français du CIO, n’était pas présent jeudi 12 février lors de la remise aux pouvoirs publics du rapport sur l’étude d’opportunité…
C’est vrai. Il ne pouvait pas être là. Mais il aura un rôle très important à jouer. Il était présent avec nous, la veille, lorsque nous avons préparé au CNOSF la journée du jeudi 12 février.
Quel rôle pourra jouer Jean-Claude Killy, qui a quitté le CIO après les Jeux de Sotchi?
Jean-Claude est le plus doué d’entre nous. Il m’a beaucoup aidé dans ma tentative d’intégrer le CIO. Et je sais qu’il continuera. Il n’a pas été impliqué dans l’étude d’opportunité, mais cela ne veut pas dire qu’il ne jouera pas un rôle. Il suit tout cela de très près.
Le CIO s’est toujours déclaré très réceptif à l’idée d’une candidature olympique française. Mais, derrière le discours, qu’en est-il réellement?
Les membres du CIO sont toujours réceptifs. Les choses n’ont pas changé. De notre côté, nous avons avancé, en travaillant à une plus grande présence française dans le mouvement sportif international, à la fois par l’organisation de grands événements et par une meilleure représentation dans les instances. Tout cela devrait nous aider à convaincre.
Cette nouvelle candidature sera-t-elle la bonne?
Je ne sais pas. Mais je ne me suis jamais dit, au départ d’une course, que j’allais à coup sûr la gagner.