Le rugby mondial se porte bien. Et même mieux que cela. Brett Gosper, le directeur exécutif de la World Rugby, nouvelle appellation de l’ex IRB, l’a expliqué à FrancsJeux à l’occasion d’une récente visite à Paris pour la signature d’un contrat de partenariat avec la marque Eden Park. L’Australien, parfaitement francophone depuis ses années de rugbyman au Racing Club de France (1981-1990), annonce même déjà que la Coupe du Monde 2015 en Angleterre battra tous les records. Et il prédit des débuts spectaculaires pour le rugby à 7 aux Jeux de Rio en 2016.
FrancsJeux: Comment se présente la Coupe du Monde de rugby 2015 en Angleterre?
Brett Gosper: Elle va battre de nombreux records, des records qui datent tous de la Coupe du Monde 2007 en France. Les Anglais veulent encore relever la barre, sur le nombre de visiteurs, de billets vendus et sur les revenus commerciaux. A la World Rugby, nous voulons aussi un tournoi où les joueurs se régalent sur le terrain, avec une belle concurrence sportive, un tournoi dont les spectateurs se souviennent toute leur vie. Aujourd’hui, nous sommes sur les rails pour une Coupe du Monde de tous les records.
La diffusion de l’événement sera-t-elle également en hausse?
Oui, elle battra des records. Plus de 200 pays vont diffuser le tournoi. Il y a aura aussi plus d’heures d’antenne, et une plus grande présence sur les réseaux sociaux. Les records seront battus en termes d’audience car la Coupe du Monde 2015 va se disputer aux créneaux horaires de l’Europe, où se concentre le plus grand nombre de téléspectateurs de rugby.
Comment expliquer une telle progression de l’événement?
Le rugby a progressé en participation. Aujourd’hui, nous dénombrons 6,5 millions de pratiquants dans le monde, avec 20% de femmes, un secteur qui a enregistré une énorme progression. Le phénomène olympique a aussi joué un grand rôle. Depuis que le rugby à 7 est aux Jeux, les comités olympiques nationaux y consacrent de l’argent. Le rugby est beaucoup intégré dans les écoles et les universités. Nous avions des projections de développement à dix ans, nous les avons atteint avec cinq ans d’avance. Nous pensions compter 6,5 millions de licenciés en 2020, nous y sommes aujourd’hui. Le rugby est en excellente situation. La Coupe du Monde constitue sa plus belle vitrine.
Avec l’Agenda 2020, le CIO s’autorise désormais le droit de faire plus facilement entrer ou sortir des sports du programme des Jeux. Cette résolution fragilise-t-elle le rugby à 7?
Non, je ne crois pas. L’Agenda 2020 change beaucoup la donne. Quand le rugby a été choisi pour intégrer les Jeux, il y avait 26 sports olympiques « établis » et 2 nouveaux, le rugby et le golf. On nous avait expliqué que nous étions admis pour 2016 et 2020, mais qu’il serait décidé en 2017 si nous allions au-delà des Jeux de Tokyo. Avec l’Agenda 2020, tout le monde est logé à la même enseigne, tous les sports peuvent entrer ou sortir. A notre niveau, nous travaillons pour faire du tournoi olympique de Rio une très grande réussite, avec un grand spectacle sur le terrain, du monde dans les tribunes et beaucoup d’ambiance. Nous serons jugés. Mais nous sommes très confiants: le rugby a sa place aux Jeux.
Le CIO se dit très attentif à la mixité des disciplines olympiques. Comment se situe le rugby selon de critère?
La mixité jouera un rôle, bien sûr. Nous progressons. Mais la question n’est pas seulement de savoir ce que les Jeux peuvent apporter au rugby. Il faut aussi s’interroger sur ce que le rugby va amener aux Jeux. Le rugby à 7 propose un spectacle très différent de ce qui existe aujourd’hui dans le programme olympique. Par l’intensité du tournoi, sur quelques jours, par l’ambiance proche de celle d’un festival, il présente des caractéristiques très spécifiques. Le rugby est très attendu par le CIO.
Bernard Lapasset vient d’annoncer qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat à la tête de la World Rugby, à l’automne prochain, pour se consacrer à une candidature de Paris aux Jeux de 2024…
Je ne le savais pas, vous me l’apprenez. Je ne suis pas étonné qu’il soit sollicité car il connaît très bien le mouvement olympique. Nous en avons profité au rugby. Il peut être un atout pour la candidature de Paris.
Qu’a-t-il apporté au rugby?
Bernard Lapasset possède une vision globale du rugby. Il a fait passer un message planétaire du rugby, il a su parler aux pays qui n’étaient pas traditionnellement intéressés par notre sport. Grâce à lui, le rugby a gagné de nouveaux territoires.
Vous avez décidé l’an passé d’abandonner pour la Fédération internationale le nom d’IRB, pour vous appeler World Rugby. Etaut-ce une bonne idée?
Le nom IRB était connu dans le rugby mais pas au-delà. Pour grandir, pour poursuivre notre développement, nous avions besoin d’un nom qui comporte le mot rugby. La marque World Rugby nous donne beaucoup plus de possibilités de représenter la famille du rugby à travers le monde. Nous pouvons plus facilement englober sous cette appellation nos différentes tournois, ceux du rugby à 7, les féminines, les jeunes, nos musées, nos partenaires… Changer était définitivement une bonne idée.