Candidatures

« Almaty, la plus compacte des candidatures »

— Publié le 18 février 2015

La commission d’évaluation du CIO a bouclé, ce mercredi 18 février, sa visite de cinq jours à Almaty, ville candidate à l’organisation des Jeux d’hiver en 2022. La capitale du Kazakhstan, seule en lice face à Pékin, a tenté de séduire la délégation de membres du CIO et d’experts par un projet compact, peu coûteux et authentique. Avec succès? Les réponses du journaliste Alain Lunzenfichter, un vétéran de l’univers olympique, présent à Almaty pendant la visite de la commission d’évaluation.

FrancsJeux: Quelle impression vous a fait cette visite à Almaty?

Alain Lunzenfichter: Almaty présente une véritable candidature de Jeux olympiques d’hiver, avec de vraies montagnes. Elle est sans doute, avec Innsbruck en 1964 et 1976, la plus compacte des candidatures de l’histoire des Jeux. Depuis les fenêtres de l’hôtel Ritz-Carlton, les membres de la commission d’évaluation du CIO ont pu ainsi avoir une vue plongeante sur les deux tremplins de saut à skis. La piste de patinage de vitesse de Medeo, qui a vu la chute de centaines de records du monde par le passé, existe déjà à quelques encablures. Les sites du ski nordique et du biathlon sont eux aussi déjà construits. Et puis, il y a de la neige…

Quelles sont les forces du dossier Almaty?

La compacité, bien sûr. Mais, plus encore, son respect de l’Agenda 2020. Pas de dépenses inutiles, mais une volonté d’utiliser les installations existantes. Les pistes de ski, par exemple, auraient seulement  besoin d’être adaptées au cahier des charges des Jeux. Même chose pour la patinoire de patinage de vitesse, sur laquelle il suffirait de poser un toit. Le village olympique sera construit au cœur de la ville, à côté du Palais des glaces, un équipement actuellement en construction pour l’Universiade d’hiver de 2017. Le Central Stadium, qui va être rénové, servirait de cadre aux cérémonies d’ouverture et de clôture. Il s’intégrerait après les Jeux dans un nouveau quartier de l’ancienne capitale du pays. Les principales dépenses consisteraient à mettre la ville en phase avec son projet olympique: agrandir l’aéroport, renforcer le réseau routier et construire plusieurs hôtels de niveau international, dont celui du CIO qui serait proche du village des athlètes.

Et ses faiblesses?

La première réside sans doute dans l’inexpérience du Kazakhstan. Le CIO connait peu le pays. Almaty avait déjà tenté sa chance pour l’organisation des JO d’hiver 2014, mais elle n’avait pas été retenue parmi les villes candidates. Depuis, le Kazakhstan a organisé de plus en plus d’épreuves internationales, même si le gouvernement et son président se montrent encore frileux pour soutenir pleinement les projets sportifs. Le Kazakhstan doit également faire des efforts sur la question des droits de l’homme et sur l’environnement. Mais son adversaire, la Chine, doit en faire autant.

La population soutient-elle le projet olympique?

Oui. Selon les chiffres du CIO, le projet d’Almaty 2022 est soutenue par 78% de la population. Seulement 10% des personnes interrogées se disent opposées à cette candidature.

Comment s’est déroulée la visite de la commission d’évaluation?

Honnêtement, très bien. Almaty est la moins connue des deux villes candides. Dans la commission d’évaluation, ils étaient peu nombreux à y être déjà venus, mais tous ont été agréablement surpris par le niveau des sites existants. Ils ont découvert des installations d’un très haut niveau, pour le biathlon, le patinage de vitesse, le saut à skis, le ski alpin… Ils ont également compris qu’Almaty entrait vraiment dans le cadre de l’Agenda 2020, un point jugé très positif par la commission d’évaluation. Mais comme toujours, l’évaluation, même positive est une chose, l’élection en est une autre. Certains membres du CIO et présidents de fédérations internationales font souvent passer leurs intérêts personnels avant l’intérêt du CIO.