Champion du monde en 1975, Jean-Luc Rougé préside depuis une décennie la Fédération française de judo. Il occupe également depuis août 2011 le poste de secrétaire général de la Fédération internationale de judo. Il a répondu aux questions de FrancsJeux sur le délicat dossier des championnats d’Europe 2015, sur les projets du judo français et sur l’ambition olympique de Paris.
FrancsJeux: La France a posé sa candidature à l’accueil des championnats d’Europe de judo 2015, dont l’organisation vient d’être retirée à la ville de Glasgow. A-t-elle une chance des les obtenir?
Jean-Luc Rougé: Non. Nous avons déposé une candidature de secours, au cas où la Fédération européenne ne trouve pas d’autre solution. Mais il semble aujourd’hui que la compétition se déroulera à Bakou, en Azerbaïdjan, dans le cadre des premiers Jeux Européens. Les discussions sont très avancées pour coupler les deux événements. Il reste à régler certains détails, concernant notamment les frais de déplacement des délégations. Cette solution permettrait aux Jeux Européens de bénéficier de la présence des meilleurs judokas du continent. Mais nous réfléchissons à nous porter candidats aux championnats du monde 2019.
Vous réfléchissez seulement, ou vous avez déjà validé le projet?
Disons que nous réfléchissons fortement, même si la décision n’est pas encore tout à fait officielle. Les Mondiaux se dérouleraient dans un Bercy rénové. Ils pourraient s’inscrire dans la logique d’une candidature française aux Jeux d’été en 2024.
La rénovation de Bercy peut-elle renforcer les ambitions de la France comme terre d’accueil d’événements internationaux?
Bien sûr. Nous serons d’ailleurs la première fédération sportive à y organiser un événement. Nus avons avancé le Tournoi de Paris 2016 au mois d’octobre prochain, les 17 et 18, pour qu’il se déroule dans le nouveau Bercy. Sauf catastrophe, il sera prêt à temps. Le judo pourra ainsi montrer les atouts du nouveau site et, là aussi, participer à la démarche de la candidature de Paris aux Jeux de 2024.
Vous avez été l’un des premiers présidents de fédération sportive à militer pour une candidature parisienne pour 2024…
C’est vrai, j’en parle depuis longtemps. Je fais partie de ceux qui estimaient qu’il ne fallait pas s’arrêter après l’échec de Paris 2012. Il y avait une opportunité extraordinaire de l’emporter pour les Jeux de 2020. Nous n’avons pas su la saisir. C’est dommage.
Aujourd’hui, le contexte vous semble moins favorable?
Non. Les choses ont changé, mais nous avons nos chances. Tout le monde dit que les Etats-Unis sont favoris, mais ils ne gagnent pas tout, loin de là.
La démarche entamée depuis quelques mois par le mouvement sportif français vous parait-elle la bonne?
J’ai le sentiment que, pour la première fois, nous avons une approche méthodique de la candidature. Tout le monde est impliqué dans une démarche dynamique. Les présidents de fédérations olympiques ont des réunions régulières. Nous en tenions une hier soir. Nous avons mis en place un système d’information entre les.fédérations. Il existe même une solidarité entre les dirigeants français, ce qui n’a jamais été mis en place lors des candidatures précédentes.
Quelle forme prend cette « solidarité »?
L’objectif est de nous aider, les uns et les autres, dans nos ambitions internationales. Par exemple, j’ai été très impliqué dans la campagne de Pierre Durand pour la présidence de la Fédération équestre internationale. Aujourd’hui même, je déjeune avec Georges Guelzec, qui postule à la présidence de la Fédération internationale de gymnastique. Les Français sont de plus en plus présents dans les instances internationales. Je le vois à chacune des réunions de l’ASOIF, où je représente la Fédération internationale de judo en ma qualité de secrétaire général. J’y croise de nombreux dirigeants français, issus du football, du badminton, du handball, du rugby… Nous grignotons du terrain.