Tout ça pour ça. Réunie depuis lundi à Doha, la déjà fameuse « task force » montée de toutes pièces par la FIFA pour démêler l’écheveau du Mondial 2022 a rendu un premier verdict. Elle écarte sans ménagement l’idée de maintenir le tournoi planétaire de football pendant l’été. On s’y attendait. A la place, elle recommande de le déplacer de la fin du mois de novembre à la fin du mois de décembre. On s’y attendait aussi.
Chronologiquement, l’information a été donnée à Doha, au Qatar, avant d’être confirmée depuis Zurich, siège de la FIFA. A sa sortie d’une réunion de la task force, son président, Sheikh Salman bin Ebrahim Al-Khalifa, a expliqué ce mardi 24 février que cette période de l’année était la meilleure, ou en tous cas la moins pire. « Certaines personnes ont exprimé leurs doutes, mais dans une telle situation n’importe quelle décision fera naître des réserves, » a suggéré le dirigeant du Bahreïn, par ailleurs président de l’Association asiatique de football. Une façon de signifier que la solution idéale n’existe pas depuis que la FIFA a choisi d’attribuer au Qatar l’organisation du Mondial 2022.
Selon Sheikh Salman, la task force de la FIFA n’a pas envisagé de réduire la taille du tournoi, prévu pour 32 équipes avec un total de 64 rencontres. Mais elle a étudié la possibilité d’en diminuer la longueur de quelques jours. Le dirigeant du Bahreïn a également fait savoir que son groupe de travail avait étudié plusieurs autres options, dont celle de faire disputer le Mondial en janvier/février 2022, où il serait en concurrence directe avec les Jeux d’hiver.
Moins d’une heure plus tard, la FIFA a confirmé la teneur des propos de Sheikh Salman. Selon un communiqué envoyé depuis Zurich, la task force « a identifié la période qui va de fin novembre à fin décembre comme la meilleure pour le Mondial 2022. Ces dates ont le plein soutien des six Confédérations continentales. »
Selon une source « proche du dossier », citée par l’AFP, le Mondial débuterait le 26 novembre. La finale se déroulerait le 23 décembre. La mise à disposition des joueurs se ferait seulement une semaine avant le début du tournoi, soit le 19 novembre. Les équipes qualifiées disposeraient donc d’une période de préparation largement écourtée. Quant à la Coupe des Confédérations, habituelle épreuve test, elle serait jouée en juin et juillet 2021, mais dans un autre pays de la zone asiatique.
De près comme de loin, la période allant de fin novembre à fin décembre a tout d’un compromis. Elle évite un choc frontal peu diplomatique entre la FIFA et le CIO, qui aurait été inévitable dans l’hypothèse d’un Mondial en janvier/février. Elle assure au tournoi des températures moins étouffantes que celles de la fin du printemps et du début de l’été. Et elle présente l’avantage de ne pas tomber en plein ramadan, prévu au mois d’avril durant l’année 2022.
Seul ennui, mais de taille: la fin de l’année a toujours été citée par les grands clubs européens comme la période la plus délicate pour organiser le Mondial, car située pendant la première phase de la lucrative Ligue des Champions. Leurs représentants n’ont jamais fait mystère de leur souhait d’une option plus printanière. Richard Scudamore, le patron de la Premier League anglaise, l’a dit dès sa sortie de la réunion de travail de la task force de la FIFA à Doha: « Je suis très déçu, c’est le mot, je pense, de la part de tous les championnats européens, et spécialement des clubs européens qui fournissent la plupart des joueurs pour les Coupes du monde. »
Seront-ils entendus? La réponse ne devrait plus tarder. Les recommandations de la task force seront discutées lors de la prochaine réunion du comité exécutif de la FIFA, les 19 et 20 mars 2015 à Zurich. Il lui reviendra de prendre une décision. Elle devrait être définitive.