A Rio, tout va bien, mieux que jamais. A condition toutefois de ne pas trop creuser. La commission de coordination du CIO pour les Jeux de 2016 a bouclé, mercredi 25 février, une visite d’inspection de trois jours de la ville olympique. Au moment d’en dresser le bilan, ses représentants ont affiché un beau sourire de façade. Mais les problèmes demeurent. Et ils ne sont pas minces.
Les bonnes nouvelles, d’abord. Présent au Brésil, où il préside à partir de ce jeudi une réunion de la commission exécutive du CIO, Thomas Bach s’est servi d’un discours résolument optimiste pour qualifier l’état de préparation des prochains Jeux d’été. « Nous sommes très satisfaits, nos hôtes brésiliens assument leurs responsabilités, a assuré le président du CIO. Nous sommes pleinement confiants sur le fait que ces Jeux seront sûrs et que tout le monde sera bien reçu ici au Brésil. Nous sommes convaincus que tout sera prêt. »
Habile, Thomas Bach a esquivé une question sur le parcours de golf, l’un des sites les plus décriés du dispositif olympique. « Avec le golf, je suis un peu surpris parce que nous savons tous que le maire a beaucoup poussé pour que cela se produise », a-t-il avoué en référence à une déclaration faite par Eduardo Paes à la presse brésilienne, où il aurait dit: « Je déteste l’idée d’avoir eu à faire ce parcours. Si cela ne dépendait que de moi, il n’aurait jamais été construit! »
Un même mélange de confiance et d’optimisme a enveloppé les propos de Nawal el Moutawakel, la présidente de la commission de coordination du CIO (notre photo, en compagnie de Carlos Nuzman, le patron de Rio 2016). « Nous avons été impressionnés par les progrès réalisés par les Brésiliens dans la construction des sites de compétition, a déclaré la dirigeante marocaine. Nous avons obtenu l’assurance des organisateurs que tous les sites seraient prêts à temps, qu’ils seront sûrs et que les athlètes pourront s’y exprimer sans risque. » Une allusion directe à l’état encore très préoccupant de la baie de Rio, où auront lieu les régates de voile.
Selon plusieurs rapports et témoignages, les eaux de Guanabara Bay présentent en effet, encore aujourd’hui, le désolant spectacle d’une véritable déchetterie où flottent sacs en plastique, planches de bois, vieux appareils ménagers et, depuis quelques jours, des milliers de poissons morts. Au moment où la commission de coordination bouclait sa visite, une agence environnementale de l’état de Rio de Janeiro annonçait enquêter sur la découverte de plusieurs bancs de poissons flottant le ventre à l’air.
Nawal el Moutawakel l’a rappelé: les Brésiliens entrent dans la phase de préparation « la plus intense » depuis qu’ils ont obtenu l’organisation des Jeux. « Une période où ils vont devoir élever le niveau et soigner les détails. » La vice-présidente du CIO a fait ses comptes: la ville olympique doit organiser 21 épreuves pré-olympiques avant la fin de l’année 2015. Un challenge qui pourrait se révéler très délicat à relever dans trois des sites de compétition: le vélodrome, le parcours de concours complet d’équitation et celui de golf. Trois sites où, a insisté Nawal el Moutawakel, les Brésiliens n’ont plus la moindre marge de manœuvre.
Autres points noirs: la sécurité et l’hébergement. Nawal el Moutawakel et les autres membres de la commission de coordination se montrent, sur ces sujets, d’un même optimisme de façade. Mais les chiffres peuvent faire froid dans le dos. Selon Associated Press, cinq policiers ont été tués en service au cours du dernier week-end. Et la police de Rio a enregistré au cours du mois dernier cinq décès consécutifs à la guerre des gangs dans la métropole brésilienne.
Côté hébergement, les experts se montrent plutôt sceptiques quant à la capacité de la ville de construire à temps les 68 nouveaux hôtels prévus dans le dispositif olympique. Nawal el Moutawakel l’a assuré: « Tous les athlètes, les officiels et les visiteurs auront un toit au moment des Jeux. » Sans doute. Mais à quel prix?