La journée du mercredi 4 mars est marquée d’une pierre blanche à Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan, ville-hôte de la première édition des Jeux Européens. Le compte-à-rebours y affiche 100 jours avant le début de l’événement continental, prévu du 12 au 28 juin 2015. L’occasion pour FrancsJeux d’interroger Patrick Hickey, le président de l’Association des comités olympiques européens (EOC), et membre du CIO, sur la préparation des Jeux, leur promotion et l’avenir de l’épreuve.
FrancsJeux: A 100 jours de la cérémonie d’ouverture des premiers Jeux Européens, que vous inspire la préparation de l’événement?
Patrick Hickey: Je suis stupéfait par la vitesse à laquelle tout a été construit, préparé et organisé à Bakou. Tous les clignotants sont au vert. Nous sommes parfaitement dans les temps, à tous les niveaux. La qualité du travail réalisé à Bakou peut vraiment servir d’exemple à suivre pour les futurs organisateurs.
A ce stade de la préparation, avez-vous pointé un secteur où les organisateurs doivent accélérer la cadence?
Honnêtement, non. Nous suivons de très près, depuis plus de deux ans, la préparation de ces premiers Jeux. Aujourd’hui, je ne vois aucun sujet d’inquiétude sur l’état de préparation.
Le comité d’organisation a déjà annoncé la signature de contrats de diffusion des Jeux dans plus de 50 pays. Comment expliquez-vous qu’un événement qui n’a encore jamais eu lieu ait pu convaincre des chaînes, non seulement en Europe, mais également en Asie et aux Etats-Unis?
Je crois que le concept de ces Jeux Européens, les premiers du genre, avec une vingtaine de sports olympiques ou non, éveille la curiosité des diffuseurs. Il n’est pas habituel. Il y a une certaine attente autour de cet événement. En marge de cela, le travail a été particulièrement bien mené sur la promotion des Jeux auprès des diffuseurs. Il n’a pas été facile, car nous avons rencontré les premiers temps un vrai scepticisme, notamment en Europe. Il a fallu convaincre. Mais je suis très heureux du résultat. Nous devrions pouvoir annoncer, dans les jours à venir, cinq nouveaux accords de diffusion avec des chaines étrangères.
Les championnats d’Europe de judo 2015 vont finalement se dérouler dans le cadre des Jeux Européens. Comment les deux compétitions vont-elle cohabiter?
Nous savions, dès le début de la préparation des Jeux, qu’il nous serait difficile d’attirer les meilleurs judokas à Bakou à cause de la concurrence des championnats d’Europe. J’en étais d’autant plus déçu que je suis moi-même issu de ce sport. Mais le comité d’organisation des championnats d’Europe de Glasgow a connu des difficultés, jusqu’à ne plus pouvoir accueillir l’événement. Nous avons su nous montrer assez souples pour le récupérer à Bakou. Nous avons proposé une formule qui arrange tout le monde. Les accords de marketing ne sont pas les mêmes, entre les championnats d’Europe et les Jeux Européens, mais nous avons prévu une compensation financière pour l’Union européenne de judo, afin de la dédommager du manque à gagner.
A l’heure où l’Agenda 2020 du CIO insiste sur la réduction des coûts, les autorités d’Azerbaïdjan ne dépensent-elles pas des sommes trop importantes pour organiser ces Jeux Européens?
Je ne vois pas les choses ainsi. Pour l’Azerbaïdjan, les Jeux Européens doivent constituer un héritage dans la perspective d’autres grands événements sportifs. Les Jeux olympiques, notamment. Bakou a déjà été candidate, sans succès. Elle le sera à nouveau. Thomas Bach, le président du CIO, a expliqué qu’une ville ayant organisé les Jeux Européens aurait la capacité de recevoir les Jeux d’été. L’Azerbaïdjan s’inscrit dans cette logique. Le pays aura les infrastructures. Et il pourra compter sur un staff formé à l’organisation de grands événements.
Malgré tout, l’Azerbaïdjan ne met-il pas la barre trop haut?
Dès le départ, nous avons précisé que les Jeux Européens devaient faire preuve de souplesse. L’événement doit s’adapter à la ville qui l’accueille, et non le contraire. La prochaine édition sera peut-être totalement différente, beaucoup moins coûteuse, dans une ville où les installations existeraient déjà.
Comment se présente l’avenir de l’événement, avec une deuxième édition prévue en 2019?
Nous avons recensé six villes candidates. Nous ne communiquerons pas leur identité, même si le nom d’Amsterdam a été récemment cité dans les médias. La décision de la ville-hôte des Jeux en 2019 sera prise lors de l’assemblée générale extraordinaire de l’EOC, le 18 mai Belek, en Turquie. Nous aurons alors à choisir entre deux ou trois villes, sans doute plutôt deux. Mais il n’y aura pas de vote. Et nous ne voulons pas communiquer sur les villes en course, pour ne pas qu’elles aient à dépenser de l’argent en promotion. Il en sera de même pour la troisième édition des Jeux Européens.
Le programme des Jeux sera-t-il déterminé en même temps que le choix de la ville-hôte?
Non. Nous discuterons des différentes options possibles, en établissant une liste préliminaire. Mais, je le répète, les Jeux doivent s’adapter à la ville qui les organise. Pour 2019, le programme sera déterminé avec les futurs organisateurs. Il tiendra compte de leurs souhaits et des spécificités du pays.