L’assouplissement annoncé du programme des Jeux d’été, prévu dans l’Agenda 2020 du CIO, a donné des idées à une pléthore de sports et de disciplines. Parmi eux, le surf. Sa fédération internationale, l’ISA, s’est lancée dans une course contre le temps pour satisfaire aux critères du règlement olympique. Avec une ambition clairement affichée: gagner sa place dans le programme des Jeux de Tokyo en 2020. Présent à Kigali à l’occasion de CISA 2015, le Californien Sean Brody, responsable des affiliations à l’ISA, en a expliqué à FrancsJeux la stratégie et les enjeux.
FrancsJeux: Comment comptez-vous convaincre le CIO de reconnaître le surf comme nouveau sport olympique?
Sean Brody: La première barrière à franchir avant de prétendre entrer dans le programme des Jeux, selon les règles du CIO, est que notre fédération internationale compte au moins 100 pays membres. Nous en sommes actuellement à 95. Et ce nombre augmente de façon rapide. Nous venons d’être rejoints par les Iles Vierges britanniques, la Lituanie, le Népal… Et nous sommes en discussion avec la Finlande, la Norvège, Oman, l’Iran. Le CIO veut que nous atteignions cette marque d’une centaine de fédérations nationales. Nous devrions y parvenir dans un futur très proche
Cette condition peut-elle être suffisante pour prétendre au label olympique?
Non. Nous devrons aussi, pour répondre aux critères du CIO, proposer une technologie permettant de créer des vagues artificielles. Actuellement, huit sociétés à travers le monde y travaillent. Avec une telle technologie, il sera possible de disputer des compétitions de surf partout dans le monde, dans n’importe quel pays et n’importe quelle ville. Mais l’ISA n’est pas seulement la Fédération internationale de surf. Elle gère également le stand-up paddle, une discipline en plein développement, l’un des sports d’extérieur à la croissance la plus rapide actuellement dans le monde. Il peut être pratiqué sur n’importe quel plan d’eau, sans avoir besoin des vagues de l’océan. A Kigali, à l’occasion de CISA, j’ai pu m’entretenir avec le président du comité olympique du Rwanda sur un projet d’introduction du stand up paddle dans le pays.
Entre ces deux disciplines, le surf et le stand up paddle, laquelle privilégiez-vous pour tenter d’intégrer le programme olympique ?
Nous n’avons pas établi de priorité pour favoriser l’une par rapport à l’autre. Le but ultime serait de voir les deux disciplines rejoindre le programme des Jeux. Toutes nos fédérations nationales ont pour mission de développer dans leur propre pays le surf, le stand up paddle, le bodyboard, le surf adapté et toutes les activités pratiquées sur les vagues. Même les pays qui ne possèdent pas la moindre zone côtière ont aujourd’hui des surfeurs qui voyagent à travers le monde à la recherche des vagues.
Aujourd’hui, combien « pèse » le surf en termes de pratiquants ?
Nous estimons à 35 millions le nombre de surfeurs dans le monde. Un nombre qui augmente de façon régulière et rapide. En ajoutant les pratiquants du stand up paddle, nous arrivons à une population nettement plus nombreuse. Le potentiel de développement de nos disciplines est encore important, notamment en Afrique et en Asie.
Visez-vous un label olympique dès les Jeux de Tokyo en 2020, ou plus raisonnablement pour ceux de 2024 ?
Nous visons Tokyo 2020. Nous avons récemment organisé une réunion très productive afin d’introduire le surf aux Jeux Panaméricains en 2019. Un événement qui pourrait constituer un passage privilégié sur la route des Jeux olympiques.
L’adoption par le CIO de l’Agenda 2020 a fait de la réduction des coûts une priorité des prochains Jeux. Combien coûte la création d’un site artificiel de surf ?
Il est difficile de répondre de façon catégorique car les coûts varient beaucoup d’une technologie à l’autre. Mais un site artificiel coûte relativement peu cher, nettement moins que certains des équipements exigés par des sports actuellement présents aux Jeux.
Barbara Kendall, l’ancienne championne olympique de planche à voile, a rejoint votre organisation. Quel rôle peut-elle jouer dans votre quête d’un label olympique ?
Elle est actuellement la vice-présidente de l’ISA. Elle possède une grande expérience des Jeux, à la fois comme athlète et comme actrice du mouvement olympique. Elle jouera un rôle central. Elle peut considérablement nous aider à atteindre notre objectif.