Combien gagne un dirigeant sportif? La question reste souvent sans réponse. Appliquée à une fédération internationale, elle se révèle même aussi insondable que l’énigme d’Enstein. Mais le CIO se démarque, une nouvelle fois. Déterminée à jouer à fond la carte de la transparence, l’institution olympique a publié jeudi 2 avril un courrier signé du président de sa commission d’éthique, le magistrat sénégalais Youssoupha Ndiaye. A l’intérieur, un état précis et détaillé des indemnités versées aux membres du CIO. Avec, en tête de liste, son président Thomas Bach.
Précision: les chiffres publiés par le CIO ne correspondent pas à des salaires. Il s’agit d’indemnités, pour l’essentiel journalières, destinées à compenser le temps consacré par les « cardinaux » du mouvement olympique à leurs tâches, missions et voyages. Les 102 membres actifs, et les 35 membres honoraires, sont tous bénévoles. A commencer par leur président, Thomas Bach, même si l’ancien escrimeur allemand se consacre tous les jours de l’année à sa fonction.
Les chiffres, maintenant. Pour l’exercice actuel, le CIO verse à chacun de ses membres, actifs et honoraires, une indemnité journalière de 450 dollars, soit environ 414 euros, lorsqu’ils participent à une activité liée au mouvement olympique international (commissions, sessions, Jeux olympiques…). A cela s’ajoute une indemnité annuelle de 7.000 dollars (6.440 euros) au titres des frais dits administratifs.
Privilège hiérarchique: l’indemnité journalière est doublée pour les 14 membres de la commission exécutive et pour les présidents des nombreuses autres commissions du CIO, mais seulement les jours où ils siègent au sein de leurs commissions respectives. L’enveloppe renferme alors 900 dollars. Pas mal. Précision: les frais de voyage, de repas et d’hébergement sont entièrement pris en charge par le CIO.
Cas particulier: Thomas Bach. Un président bénévole mais, précise le courrier, « en mission 365 jours par an ». Avec un tel volume de voyages, de réunions et de visites diverses, calculer ses per diem deviendrait vite un casse-tête. Il a donc été décidé de lui attribuer, plutôt qu’une addition d’indemnités, une « somme globale annuelle de 225.000 euros, indexée sur l’inflation ». Pas mal non plus.
Au-delà des chiffres, forcément très commentés mais globalement assez peu surprenants, la démarche n’est pas anodine. Le CIO ne veut pas seulement jouer la transparence. Il se pose avant tout en institution intègre. Et même, mieux encore, en modèle du monde sportif. Selon le communiqué publié jeudi, « lors de sa réunion à Lausanne le 23 mars, la Commission d’éthique a conseillé au président de publier ces chiffres dès que possible sans attendre la publication du rapport annuel. »
Habile dans sa communication, l’institution aux cinq anneaux invite « toutes les organisations sportives membres du mouvement olympique à adopter une politique semblable et à rendre publiques » les indemnités versées à leurs responsables, afin « d’accroître la transparence dans le mouvement sportif ». Une façon de se poser en exemple à suivre. En sachant très bien qu’elles ne devraient pas être nombreuses, les fédérations internationale, à entendre l’appel en question et à ouvrir aux yeux du monde leurs livres de comptes.
Difficile, en effet, d’imaginer la FIFA jouer à son tour la carte de la transparence. Elle n’a jamais souhaité communiquer les sommes perçues par son président, Sepp Blatter. Au moins, maintenant, tout le monde saura qu’il touche 450 dollars par jour lorsqu’il siège en sa qualité de membre du CIO.