L’heure n’est plus au déni pour le sport russe sur la question du dopage. Mais ses autorités refusent tout net d’être montrées du doigt comme les cancres de la classe. Vitaly Mutko, le ministre russe des Sports (notre photo), l’a assuré mardi 21 avril à Sotchi, devant une poignée de médias étrangers (dont FrancsJeux) en marge de la Convention SportAccord: « La Russie a consenti des efforts considérables au cours des cinq dernières années pour combattre le dopage, un travail de fond qui a pris plusieurs décennies à d’autres pays. Les attaques dont nous sommes actuellement l’objet sont injustes. Seulement 2% de nos athlètes ont été pris pour dopage. Une proportion qui n’est pas pire que dans la plupart des autres nations européennes. »
Vitaly Mutko cite volontiers ses chiffres. L’an passé, la Russie a effectué 20.000 contrôles antidopage auprès de ses propres athlètes. Cette année, ce nombre devrait être réduit, les autorités sportives ayant pris le parti de privilégier un ciblage plus pointu. « Nous sommes un très grand pays, avec environ 9.000 athlètes dans les différentes équipes nationales, explique le ministre des Sports. Il n’est pas toujours facile de savoir où se trouvent les uns et les autres, surtout que la plupart d’entre eux passent 70% de leur temps à l’étranger. »
Malgré tout, la Russie aime se donner un air de bonne élève. Une loi a assuré à son agence nationale antidopage, RUSADA, une garantie d’indépendance. Son laboratoire antidopage, rénové à la fin de l’année 2012 et installé à Moscou, bénéficie « de moyens très importants et d’un équipement de pointe. » Les tricheurs sont sévèrement sanctionnés, certains d’entre eux ayant été suspendus à vie. « Et nos frontières sont ouvertes à tous les experts, observateurs et spécialistes étrangers, martèle le représentant du gouvernement. Nous sommes prêts à collaborer de la façon la plus transparente avec les organisations internationales, en premier lieu l’Agence mondiale antidopage (AMA). »
En mars dernier, Vitaly Mutko a choisi de nommer à ses côtés une « conseillère antidopage », Natalia Zhelanova. La jeune femme explique: « Nous ne ménageons pas nos efforts pour nous mettre au niveau. En plus des contrôles, un vaste programme d’éducation a été mis en place auprès de la nouvelle génération d’athlètes et dans les écoles de sport. Nous sommes en train de changer les mentalités. Aujourd’hui, les gens sont en train de comprendre que le dopage est un fléau et une honte. Nous sommes fiers de ce que nous avons entrepris. »
La fédération russe d’athlétisme était la première visée dans le reportage de la télévision allemande, diffusé en décembre dernier, qui révélait un dopage généralisé dans le sport russe. Son président a été poussé à la démission. Un intérim est actuellement assuré par l’un des vice-président. Le poste d’entraîneur en chef de l’équipe nationale a été confié à Yuriy Borzakovskiy, le champion olympique du 800 m à Athènes en 2004. « Nous attrapons les tricheurs, c’est la preuve que nous cherchons et que nous menons la lutte », suggère Natalia Zhelanova. Pas faux.