Le mot répit n’existe plus dans le vocabulaire de Svein Arne Hansen. Le Norvégien a été élu, le 11 avril dernier, à la présidence de l’Association européenne d’athlétisme (AEA). A 68 ans, il entend mener son mandat au pas de course. Il était présent à Sotchi pour la Convention SportAccord, en début de semaine, où FrancsJeux l’a rencontré. Il dirigera son premier Conseil exécutif les 28 et 29 avril à Lausanne. Et il se prépare à un mois de juin sous le signe du changement. Interview.
FrancsJeux: La décision prise par l’IAAF d’accorder à Eugene, aux Etats-Unis, l’organisation des championnats du monde 2021 n’a pas semblé beaucoup vous satisfaire. Pourquoi?
Svein Arne Hansen: Que l’on ne se méprenne pas, je n’ai rien contre Eugene, et rien non plus contre l’idée d’y organiser les championnats du monde en 2021. Mais je ne suis pas d’accord avec le procédé employé par l’IAAF, qui a attribué à la ville américaine l’événement sans ouvrir l’appel à candidatures. Les Suédois de Göteborg préparaient un dossier pour postuler à ces Mondiaux en plein air. L’IAAF le savait. L’année 2021 sera marquée par le 400ème anniversaire de la création de la ville. Il n’est pas certain que la Fédération suédoise puisse obtenir le budget pour se lancer à nouveau dans la course, pour 2023 par exemple, hors de ce contexte historique.
Autre sujet d’actualité: les Jeux Européens. Quelle est aujourd’hui votre position sur la présence de l’athlétisme dans cet événement continental?
J’ai rencontre Patrick Hickey (le président de l’Association des comités olympiques européens, ndlr), à plusieurs reprises, pour évoquer cette question. Il y a encore beaucoup de sujets au conditionnel. Il est important, de mon point de vue, que l’athlétisme soit présent à son plus haut niveau aux Jeux Européens. Mais avant de pouvoir vraiment soutenir cette compétition, nous devrons trouver un accord avec l’EOC. Aujourd’hui, je ne peux pas le garantir. La date de la prochaine édition sera cruciale pour parvenir à un accord.
L’athlétisme vient de s’associer avec l’aviron, le cyclisme, le triathlon et la natation pour créer en 2018 les Championnats sportifs européens à Berlin et Glasgow. Que vous inspire cette initiative?
C’est une très bonne idée. En regroupant ainsi les championnats d’Europe de cinq sports, nous pouvons gagner en exposition médiatique. Aujourd’hui, il est indispensable d’innover pour y parvenir. Et je suis persuadé que Berlin constituera un parfait endroit pour lancer cette initiative.
Que pensez-vous de l’idée, testée dans certaines compétitions, de « sortir » quelques épreuves du stade pour les organiser en ville, au milieu du grand public?
L’idée est intéressante, comme le sont toutes celles qui peuvent contribuer à attirer à l’athlétisme un public plus jeune. Mais dans un grand championnat, je ne la crois pas judicieuse. Pour un championnat d’Europe, les épreuves doivent rester dans le stade.
Vous avez évoqué, peu après votre élection à la présidence de l’AEA, la possibilité de créer des groupes de travail amenés à réfléchir sur l’évolution de l’athlétisme. Où en est cette idée?
Elle avance. J’aimerais voir, en effet, des groupes de travail se pencher sur différents sujets, en parallèle de nos commissions. Je vais envoyer, au nom de l’AEA, un courrier à nos 50 fédérations nationales pour leur demander de présenter des candidats aux diverses commissions. L’objectif sera de pouvoir constituer ces groupes et ces commissions lors de la réunion du Conseil, en juin 2015 à Oslo, afin de pouvoir ensuite se mettre rapidement au travail.
L’athlétisme européen accuse actuellement un retard considérable dans certaines épreuves, surtout le demi-fond. Est-il encore possible de combler l’écart?
Je crois, oui. Les Américains y sont parvenus. Nous devons faire quelque chose, ne pas baisser les bras. Je suis très attaché à ramener le demi-fond européen au plus haut niveau mondial. Parmi les options possibles, nous pourrions regrouper les meilleurs coureurs du continent pour des stages d’entraînement. L’émulation pourrait avoir des effets très positifs.