La Fédération internationale de gymnastique (FIG) changera bientôt de tête. Son président depuis près de vingt ans, l’Italien Bruno Grandi, ne se représentera pas en octobre 2016 pour un nouveau mandat. La course à sa succession n’est pas encore officiellement ouverte, mais le Français Georges Guelzec, président de l’Union européenne de gymnastique (UEG), a fait acte de candidature. Pour FrancsJeux, il explique sa démarche et détaille son projet.
FrancsJeux : Pourquoi êtes-vous candidat à la présidence de la Fédération internationale de gymnastique ?
Georges Guelzec : A l’origine, je n’en avais pas l’intention. Le jour de ma réélection à la présidence de l’UEG, en décembre 2013, plusieurs dirigeants européens sont venus me voir en me suggérant de me lancer dans la course. J’ai refusé. Au printemps suivant, Bruno Grandi a profité d’une réunion du Conseil de l’UEG pour nous expliquer qu’il serait important que je me présente à la présidence de la FIG au nom de l’Europe. L’idée a commencé à faire son chemin, mais je voulais me donner le temps de la réflexion. Puis, en novembre dernier, j’ai été amené à préparer une intervention pour un séminaire, à Londres, sur l’avenir de la gymnastique. J’ai travaillé sur la gym de demain et celle d’après-demain. J’ai réalisé que la gymnastique de demain, à échéance 2020, dépendait des associations continentales, mais pour l’avenir à plus long terme, il revenait à la FIG de s’atteler à la tâche. J’ai alors pris la décision de me lancer.
Comment se présente la course à la succession de Bruno Grandi ?
A ce jour, personne n’a déclaré officiellement sa candidature. L’Américain Peter Vidmar pourrait se présenter, mais il semble qu’il n’en ait pas très envie. Le seul à faire campagne est le Japonais Morinari Watanabe. Il m’a informé qu’il se déclarerait au cours du mois de mai. Nous nous connaissons bien, depuis longtemps.
A vos yeux, dans quel état se trouve aujourd’hui la gymnastique mondiale ?
Nous entendons toujours les mêmes critiques : les compétitions sont trop longues, les temps morts trop nombreux. La gym doit évoluer pour mieux s’adapter à son époque. En temps de crise, il n’est pas possible de faire durer un championnat pendant dix jours. Depuis plusieurs années, nous avons posé des rustines sur la chambre à air. Il est temps, je crois, de tout revoir, le sportif et le marketing. Nous avons la chance de figurer parmi le premier groupe des sports aux Jeux, avec l’athlétisme et la natation, mais personne ne parle de gym entre deux Jeux olympiques.
Votre programme de campagne incarne cette volonté de changement ?
Oui. J’ai bâti mon programme autour de quatre piliers : une modification des statuts de la FIG pour un changement de la gouvernance, avec la création d’un conseil d’administration où entreraient des professionnels ; une meilleure communication ; une amélioration de nos finances ; et enfin une réforme sportive. J’ai volontairement placé le sportif en quatrième position, car il serait illusoire de vouloir le réformer sans avoir au préalable travaillé sur nos statuts, notre communication et nos finances.
L’Agenda 2020 du CIO veut introduire plus de souplesse dans le programme olympique. La gymnastique peut-elle en souffrir, ou au contraire en bénéficier ?
L’une de nos disciplines est en danger, le CIO nous l’a signifié : la gymnastique rythmique. Elle n’est pas assez universelle, trop massivement dominée par l’Europe, et ses résultats dépendent trop du jugement humain. Nous allons donc mener un vaste plan de développement dans les autres continents. Au-delà, je voudrais changer la terminologie de la gymnastique, en m’inspirant de l’athlétisme et la natation, pour remplacer le terme de discipline par celui d’épreuve. Nous pourrions alors réaliser nos propres arbitrages au sein de la FIG, entre les différentes épreuves, pour proposer au CIO une offre plus riche et diversifiée, mais sans augmenter le nombre de compétiteurs.
Bruno Grandi est membre du CIO depuis l’année 2000. Si vous étiez élu à la présidence de la FIG, cette fonction vous assurerait-elle un siège au sein de l’institution olympique ?
On peut le penser. J’aurai 68 ans au moment de l’élection, je pourrais donc faire un mandat au CIO. Mais ce n’est pas mon objectif. Je veux avant tout aider les 140 fédérations présentes à la FIG.
Votre campagne pour la présidence de la FIG va intervenir dans le contexte particulier d’une course aux Jeux de 2024, avec une candidature probable de Paris. Les deux élections seront-elles liées ?
Aujourd’hui, elles sont étrangères l’une à l’autre. Mais elles seront liées, c’est une évidence. Je suis concerné de très près par la candidature de Paris aux Jeux de 2024. Je la soutiens sans réserve. Si je suis élu à l’automne 2016 à la tête de la FIG, j’aurais un rôle à jouer dans le projet olympique français.