Marius Vizer n’est pas homme à accepter facilement l’échec. Et moins encore à se confondre en excuses. Le président de SportAccord a pourtant forcé sa nature, mardi 19 mai, un mois presque jour pour jour après son improbable discours anti-CIO prononcé à Sotchi. S’exprimant par le biais d’un communiqué signé de son nom, il a demandé à rencontrer Thomas Bach pour, dit-il, réparer les dommages causés.
Fidèle à son personnage, Marius Vizer ne s’est pas laissé aller à faire amende honorable. Mais sa main tendue au CIO et à son président a tout d’une marche arrière. Certes, le président de SportAccord évoque la nécessité d’une rencontre « pour l’unité et l’intérêt du mouvement sportif. » Il explique que le moment est venu d’alléger la « pression » qui pèse sur les fédérations internationales depuis la Convention SportAccord le mois dernier à Sotchi. En clair, il justifie son geste par une forme de raison d’état. Mais sa manœuvre ne trompe personne: Marius Vizer n’a plus d’autre choix que de tenter de renouer le dialogue avec Thomas Bach, sous peine de se retrouver bientôt tout seul au milieu du gué.
La veille, l’haltérophilie a rejoint le bataillon des fédérations internationales ayant coupé les ponts avec SportAccord. Un retrait qui porte à 10 le nombre de fédérations qui ont déjà manifesté leur désaccord avec Marius Vizer en lui claquant la porte au nez. Et tout porte à penser que la liste pourrait s’allonger dans les jours ou les semaines à venir. Un mal n’arrivant jamais seul, les fédérations internationales de boxe (AIBA) et de taekwondo (WTF) ont forcé le trait de leur désaccord en annonçant leur retrait des prochains Jeux mondiaux des sports de combat, en 2017, un événement créé et géré par SportAccord.
Que veut Marius Vizer? Son communiqué apporte une partie de la réponse. « J’espère avoir une discussion honnête qui aille dans l’intérêt du sport, a-t-il écrit. Une discussion qui conduise à des solutions concrètes. » Le président de SportAccord, également président de la Fédération internationale de judo (FIJ), mentionne souhaiter aussi rencontrer les représentants de l’ASOIF, l’Association des sports olympiques d’été, présidée par l’Italien Francesco Ricci Bitti. Une organisation elle aussi dissidente de SportAccord depuis le déjà célèbre discours de Sotchi.
Au-delà du communiqué et de ses formules très diplomatiques, Marius Vizer espère surtout sauver ce qui peut l’être encore d’une organisation, SportAccord, dont le CIO ne se gêne plus pour assurer que le mouvement olympique pourrait très bien se passer. Son coup de force de Sotchi s’est soldé par un échec. Marius Vizer a beau avancer, dans son communiqué, avoir constaté un « nombre croissant de demandes d’inscriptions à SportAccord de la part d’organisations sportives internationales » depuis son discours du 20 avril à Sotchi, il n’est un secret pour personne que son avenir s’écrit désormais en pointillé.
En tendant la main au CIO et à l’ASOIF, le Roumain tente de recoller les morceaux. Trop tard? Probable. Une chose est sûre: Thomas Bach sort grand vainqueur d’un conflit qu’il n’avait même pas souhaité.