Le monde du football ne ressemble à aucun autre. A 79 ans, Sepp Blatter y règne comme un jeune monarque. Ses rivaux pour le trône ont beau rouler des mécaniques, ils rendent les armes avant même le jour de la bataille. A une semaine de l’élection présidentielle à la FIFA, prévue le 28 mai à Zurich, deux des trois postulants à sa succession se sont retirés de la course, jeudi 21 mai, laissant le seul Prince Ali de Jordanie en lice pour affronter le sortant.
Le premier à mettre les pouces a été Michael van Praag. Le Néerlandais, âgé de 67 ans, semblait de taille à aller jusqu’au bout, même si les médias de son pays l’annonçaient depuis quelques jours au bord du renoncement. Il a fait savoir en début de journée, par un communiqué signé de son équipe de candidature, que l’élection se jouerait sans lui. Malin, Michael van Praag a présenté son retrait comme une manoeuvre politicienne, expliquant à demi-mots que la raison lui conduisait de se désister pour favoriser les chances du meilleur des rivaux de Blatter, le jeune Prince Ali.
« Un seul candidat a de meilleures chances de gagner l’élection, et je crois que le Prince Ali est le meilleur candidat et le plus en mesure de mobiliser des voix pour défier Sepp Blatter », a expliqué Michael van Praag lors d’une conférence de presse à Amsterdam.
A son tour, Luis Figo a joué, plus ou moins avec les mêmes notes, une partition identique. Quelques heures après Michael van Praag, l’ancien numéro 10 de Barcelone, du Real Madrid et de l’Inter Milan a rendu son maillot. A 42 ans, le Portugais possédait des chances infimes. Il le savait depuis le début. Le désistement du Néerlandais lui a offert une porte de sortie. Bien joué.
A une semaine du scrutin, la bataille pour la présidence de la FIFA a désormais le mérite d’une grande clarté. Dans un coin du ring, Sepp Blatter, bientôt 80 ans, sérieusement amoché par une saisissante collection d’affaires et de polémiques, la plus spectaculaire concernant l’attribution au Qatar du Mondial en 2022, mais malgré tout présenté comme le favori. Et, pour beaucoup, comme un gagnant certain. Allez comprendre.
En face, un prince, un vrai, aux poches assez pleines pour avoir consacré pas loin d’une année entière à sillonner le monde pour y rencontrer les électeurs, à savoir les 209 fédérations nationales membres de la FIFA. Ali de Jordanie, seulement 39 ans, connaît la maison, pour siéger depuis 2011 au comité exécutif de la FIFA. Son carnet d’adresses serait, dit-on, d’un niveau plus que respectable. Mais il semble bien jeune, et même encore un peu vert, pour faire trembler Sepp Blatter.
Sur le papier, le challenger Ali devrait pouvoir compter sur le soutien de l’UEFA et de ses 54 pays, a priori hostiles au Suisse. Il devrait également ramasser un sérieux contingent de voix en Asie. Et pourrait, en toute logique, rallier les Etats-Unis, très remontés contre Sepp Blatter depuis l’affaire du Mondial 2022. Mais l’Afrique roule pour Sepp Blatter. L’Amérique latine également. Et le sortant est passé maître dans l’art de caresser ses électeurs dans le sens du poil.
En connaisseur du terrain, Luis Figo a sans doute résumé la situation en écrivant sur sa page Facebook, jeudi 21 mai: « Ma décision est prise, je ne participerai pas à la dénommée élection pour la présidence de la FIFA. Ce processus électoral est tout sauf une élection. C’est un plébiscite qui a pour objectif de remettre le pouvoir absolu à un homme, ce que je refuse d’accompagner. »