Tout sauf une surprise. Marius Vizer, le dirigeant autrichien d’origine roumaine, a annoncé dimanche 31 mai, par un communiqué publié sur le site de l’organisation, sa démission de la présidence de SportAccord. L’épilogue prévisible, à défaut d’avoir été annoncé, d’un feuilleton amorcé par son discours musclé de la dernière Convention SportAccord, au mois d’avril 2015 à Sotchi.
De plus en plus esseulé au sein d’une organisation qu’il présidait depuis son élection au printemps 2013, Marius Vizer n’avait plus d’autre choix que de rendre son tablier. A la suite de ses propos très hostiles aux CIO et à Thomas Bach, plus d’une vingtaine de fédérations internationales avaient quitté SportAccord ou rompu leurs relations. Parmi elles, certaines des plus importantes du mouvement olympique, dont l’IAAF, l’une des premières à se retirer.
Marius Vizer avait tenté un dernier baroud, à la fin du mois dernier, en tendant la main au CIO par un courrier très diplomatique à l’adresse de Thomas Bach. Il y proposait une rencontre pour renouer les liens, dans « l’intérêt du mouvement sportif international ». Une lettre accompagnée d’un plan en 20 points, dans lequel le président de SportAccord suggérait, notamment, un partage des ressources des Jeux plus favorable aux fédérations internationales, l’admission systématique de tous les présidents de FI comme membres du CIO et une entrée de ces mêmes fédérations internationales dans le capital de la future chaîne olympique.
Un coup d’épée dans l’eau. Thomas Bach, placé dans une position plus forte que jamais, avait répondu que rien ne pressait et qu’il n’était pas question d’une rencontre avec Marius Vizer avant la prochaine session de la commission exécutive du CIO, prévue en fin de semaine à Lausanne.
Le coup de grâce pour Marius Vizer: la défection de son allié de toujours, Sheikh Ahmad al-Fahad al-Sabah. Le puissant dirigeant koweïtien, président de l’ACNO et de la Solidarité olympique, n’a pas hésité entre Bach et Vizer. Il a choisi le président du CIO et l’a fait savoir par un long communiqué.
Exit, donc, Marius Vizer. Mais, fidèle à son image et à sa réputation, l’Autrichien n’est pas parti en mettant profil bas. Il a claqué la porte en s’offrant une dernière sortie. « Un des principes important du sport qui m’a consacré est l’HONNEUR. Je me retire avec honneur et pour l’honneur du sport et sa crédibilité dans la société », a-t-il écrit sur le site de SportAccord.
« Au cours du mois qui vient de s’écouler, il a été démontré que dans le monde libre, il y a encore des structures supérieures dans lesquelles la valeur suprême est le silence! », a-t-il également rédigé dans une dernière attaque contre le CIO, mais sans nommer l’organisation olympique et son président.
Très en verve, le désormais ex président de SportAccord a suggéré que tout ce qu’il avait proposé était « juste » et qu’il avait ainsi « ouvert une porte fermée depuis un siècle ». Avant de poursuivre: « J’espère que cette porte restera ouverte pour le bénéfice du sport et de ses valeurs. »
Marius Vizer a fait d’une pierre deux coups en annonçant dans le même communiqué sa démission de la commission de coordination des Jeux de Tokyo en 2020. Il reste président de la Fédération internationale de judo (IJF).
Qu’adviendra-t-il de SportAcccord? L’organisation lui cherchera-t-elle un successeur? Difficile de répondre avec exactitude à ce stade du processus. Dans l’immédiat, l’intérim à la présidence est assuré par le Suisse Gian Franco Kasper, président de la Fédération internationale de ski et de l’Association des fédérations internartionales des sports d’hiver. La question de l’avenir ne semble pas préoccuper le CIO. « Nous étions au courant de sa démission, a fait savoir l’institution olympique. Nous allons continuer nos échanges avec les fédérations internationales et discuter de tout cela lors de la prochaine session du CIO, en fin de semaine ». Une page se tourne.