A ceux qui en doutaient encore, la réunion de la commission exécutive du CIO, lundi 8 juin, en a apporté une nouvelle preuve: l’Agenda 2020 ne restera pas lettre morte. Ses résolutions ont aujourd’hui force de loi. A commencer par celle d’une réduction du coût des Jeux olympiques. A Tokyo, ville-hôte des JO d’été en 2020, la réalité dépasse même la fiction.
Réunie depuis lundi 8 juin à Lausanne, la commission exécutive du CIO s’est penchée longuement sur le plan des sites des Jeux de Tokyo. Pour finalement accepter, sans l’ombre d’une hésitation, une nouvelle configuration du dispositif olympique, désormais de plus en plus éloignée du projet de départ. A Tokyo, en 2020, les Jeux ne ressembleront que de loin à la version présentée par le Japon le jour de l’élection par l’Assemblée générale du CIO. Les deux autres villes candidates, Madrid et Istanbul, pourraient en nourrir une certaine amertume.
Un premier plan dit « révisé » avait été accepté par le CIO en février dernier. Il faisait économiser aux Japonais un gros milliard de dollars. Lundi 8 juin, les membres de la commission exécutive en ont ratifié un deuxième, à peine moins spectaculaire. Résultat: une nouvelle économie de 700 millions de dollars.
Cette deuxième révision concerne sept sports. Leurs sites seront délocalisés, parfois assez loin de Tokyo, pour réduire les constructions et couper dans le budget. L’escrime, la lutte et le taekwondo seront relogés dans le centre des congrès Makuhari Messe. Le rugby à 7 verra ses rencontres organisées dans le stade de Tokyo. La voile se déroulera dans le port de plaisance d’Enoshima, où avaient eu lieu les régates des Jeux de 1964. Les épreuves de badminton seront déplacées dans le centre sportif de la forêt de Musashino, actuellement en construction, qui doit également accueillir le pentathlon moderne durant les Jeux de 2020. Enfin, le water-polo devra lui aussi aller voir ailleurs, au centre de natation de Tatsumi.
Sur le papier, la décision du CIO se justifie. Il aurait été mal compris de refuser aux Japonais une réduction des coûts, six mois seulement après l’adoption d’un Agenda 2020 où la prudence budgétaire est élevée comme une priorité. Mais Tokyo avait promis aux membres de l’institution olympique, et par extension à l’ensemble du mouvement, des Jeux d’une extrême compacité. Les sites devaient tous être installés dans un rayon de 8 km autour du village des athlètes. Une promesse aujourd’hui envoyée aux oubliettes.
L’escrime, la lutte et le taekwondo se dérouleront à une bonne quarantaine de kilomètres du centre de Tokyo. Une même distance devra être parcourue par les compétiteurs des épreuves de voile pour se rendre sur le plan d’eau des compétitions. Un scénario identique menace le cyclisme sur piste. Les organisateurs japonais envisagent de déplacer les épreuves à Izu, dans un vélodrome déjà construit. Par mesure d’économies, une nouvelle fois. Mais l’UCI et son président, le Britannique Brian Cookson, freinent des quatre fers. Le vélodrome d’Izu se site à une heure de train de Tokyo. Inquiétante perspective.
Autre épineuse question: le stade olympique. Sa construction n’a pas encore débuté, mais il fait l’objet de nombreuses polémiques. Dessiné par Zaha Hadid, l’architecte du centre aquatique des Jeux de Londres, il devait initialement être équipé d’un toit rétractable et compter 80.000 places. Trop cher, ont estimé les autorités japonaises. Le toit a été rayé du projet et un bon tiers des sièges seront seulement temporaires.
Le ministre japonais des Sports, Hakubun Shimomura, a assuré ce mardi 9 juin que le Stade National de Tokyo, où sont prévues les cérémonies et les épreuves d’athlétisme, sera prêt à temps. Sa construction sera même terminée pour la Coupe du Monde de rugby en 2019, organisée au Japon. « Nous serons prêts, avance-t-il. Nous ne perdrons pas la confiance du reste du monde. » A voir.