Les temps sont difficiles pour la candidature de Boston aux Jeux d’été en 2024. La capitale du Massachusetts doit convaincre une opinion publique jusque-là peu favorable au projet olympique, et faire face à une presse américaine sceptique sur ses chances de victoire. Mais l’équipe de Boston 2024 s’accroche solidement à son projet, soutenue par le comité olympique américain (USOC). Le mois dernier, Steve Pagliuca (notre photo, au centre) a remplacé John Fish à la tête du comité de candidature. Cet homme d’affaires de 60 ans est connu à Boston comme copropriétaire de l’équipe de basket-ball des Celtics. Il a répondu en exclusivité aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux: Les sondages continuent de révéler, à Boston et dans le Massachusetts, une opinion publique peu favorable à la candidature aux Jeux de 2024. Est-ce pour vous une préoccupation majeure?
Steve Pagliuca: Les sondages vont remonter, nous en sommes persuadés. Plus nous donnerons de détails et d’informations aux gens sur le dossier de Boston 2024, plus l’opinion publique se montrera favorable au projet olympique. Notre ville possède d’excellentes installations pour accueillir des Jeux, notamment grâce à ses nombreuses universités. Ses habitants adorent le sport, tous les sports. Ils manifestent une grande passion pour les Jeux olympiques. Nous allons continuer, dans les semaines à venir, à leur expliquer l’impact favorable que les JO de 2024 auront sur la ville, sur ses logements et ses moyens de transport.
Inverser la courbe des sondages est aujourd’hui votre priorité?
Non. Nous n’avons pas les yeux rivés sur les sondages. Nous sommes plus concentrés sur notre dispositif olympique, sur le choix des sites et la configuration du projet. Actuellement, notre priorité est de finaliser le plan olympique qui sera proposé à la population. Et nous continuons à parler aux gens de Boston et de la métropole, à leur expliquer par le détail que notre candidature constitue une chance pour Boston et pour le mouvement olympique.
A quelle date allez-vous présenter votre projet olympique définitif?
Il sera prêt pour la première semaine du mois de juillet. Mais il ne sera pas définitif. Avec les progrès technologiques, un dispositif olympique peut évoluer rapidement.
Avoir l’obligation de convaincre rapidement l’opinion publique de la pertinence du projet de Boston 2024 ne risque-t-il pas de vous détourner de l’essentiel, séduire les membres du CIO?
Non. Nous nous sommes rendus récemment à Lausanne, au siège du CIO, dans le cadre de la phase d’invitation des villes requérantes. Une visite très constructive. Notre projet s’inscrit parfaitement dans la nouvelle philosophie du CIO, exprimée par l’Agenda 2020. Pour notre candidature, les attentes du CIO constituent un atout et une chance.
A la différence des villes européennes, vous ne pouvez financer votre campagne de candidature qu’avec des fonds privés. Est-ce un handicap?
Non. Les Etats-Unis ont acquis une grande expérience dans l’organisation des Jeux. A Los Angeles en 1984, comme à Atlanta en 1996 ou à Salt Lake City en 2002, nous avons mené campagne et organisé les JO avec des fonds privés. Dans tous les cas, avec succès.
Les autorités politiques de l’état du Massachusetts ont commandé un audit indépendant sur le coût des Jeux de 2024 et leur impact possible pour les contribuables. Cette étude peut-elle constituer une menace sur votre candidature?
Pas du tout. Au contraire, nous avons accueilli très favorablement la décision de l’Etat de commander cette étude économique. Nous jouons à fond le jeu de la transparence. Nous allons collaborer avec l’agence en charge de cet audit, en lui communiquant tous les détails. Son enquête peut nous aider, en mettant en avant certains aspects du projet sur lesquels travailler encore. Une telle étude peut renforcer notre candidature, certainement pas la menacer.
Vous avez récemment été désigné pour remplacer John Fish à la tête de la la candidature. Que voulez-vous apporter personnellement au projet de Boston 2024?
Ma passion du sport et de l’olympisme. Je suis passionné par les Jeux depuis mon plus jeune âge. J’ai encore en mémoire les images de l’athlète américain Jim Ryun aux Jeux de Mexico. Je veux apporter cette passion, et plus encore mon enthousiasme pour un projet olympique qui peut, j’en suis convaincu, transformer Boston pour toujours, en apportant à la ville plus de logements et d’infrastructures.