Les Jeux Européens, premiers du nom, ont officiellement débuté. Les trois coups ont été frappés vendredi 12 juin, par une douce soirée, dans un stade olympique de Bakou plein comme un oeuf. La cérémonie d’ouverture de l’événement continental s’annonçait grandiose et fastueuse, à la hauteur des moyens déployés depuis plus de deux ans par l’Azerbaïdjan. Elle l’a été. Et n’a sûrement déçu personne.
Que faut-il en retenir? Sa dimension, pour commencer. Pas moins de trois heures de spectacle, sans temps mort ni fausse note. Un subtil mélange d’une scénographie délicatement orientale, sans jamais tomber dans le cliché, et du décorum inhérent à toute cérémonie d’ouverture d’un événement olympique. Défilé des délégations, allumage de la flamme, discours d’usage et mots de bienvenue. Il n’a rien manqué, pas même la présence en tribune officielle d’une respectable galerie de grands de ce monde, entourant le couple présidentiel. Parmi les plus remarqués, Vladmir Poutine, Thomas Bach, Sheikh Ahmad, Jacques Rogge…
Il a fallu parfois se pincer pour se convaincre qu’il s’agissait « seulement » des Jeux Européens, et pas de leurs parents olympiques. Le défilé des délégations lui-même a entretenu l’illusion, l’équipe grecque entrant la première dans le stade, l’Azerbaïdjan fermant la marche. A l’applaudimètre, les locaux ont battu tout le monde. Normal. Mais la délégation turque a fait chavirer le public de bonheur, la Russie a eu son petit succès, tout comme la France, l’Italie, la Grande-Bretagne et l’Allemagne. S’il fallait encore une preuve que l’Azerbaïdjan et sa capitale, Bakou, veulent les Jeux olympiques et se donneront les moyens de les obtenir un jour, cette cérémonie s’est chargée de l’apporter.
Pour la petite histoire, la flamme a été allumée par Ilham Zakiyev (notre photo), un judoka non voyant, blessé par un obus en 1998 alors qu’il portait l’uniforme de l’armée azérie, sacré depuis double champion paralympique. Le drapeau des comités olympiques européens a été porté dans le stade par huit médaillés d’or des Jeux, dont la Française Lucie Décosse, titrée en judo à Londres en 2012. Les discours d’ouverture ont été prononcés en anglais et azéri par Mehriban Aliyeva, la First lady, présidente du comité d’organisation, et par Patrick Hickey, le président de l’Association des comités olympiques européens (EOC).
Réduite à une poignée de chiffres, la cérémonie d’ouverture peut rivaliser avec tous les standards olympiques. Pas moins de 2000 danseurs et figurants, dont la majorité originaires d’Azerbaïdjan. Plus de 300 personnes employées à la production de la soirée, venues de 28 pays. Trois longs mois de travail pour transformer le stade olympique en une immense scène de spectacle, mais seulement trois jours pour démonter le décor, promettent les organisateurs, et lui redonner l’allure d’une enceinte sportive. Près de 110 km de câbles électriques, 800 enceintes, 2000 lumières… N’en jetez plus.
Anecdotique, certes, mais révélateur du ton de soirée: la présence de Lady Gaga, au piano, pour une seule chanson, l’inusable Imagine de John Lennon. L’icône américaine était à Bakou, en chair et en os. Le public a apprécié. Les médias aussi. Une façon pour l’Azerbaïdjan de signifier, au reste de la planète, que son événement dépasse les seules frontières de l’Europe.