Sergueï Bubka ne réduit pas l’allure. Le candidat à la présidence de l’IAAF poursuit sa campagne à un train d’enfer, avec l’espoir de devancer Sebastian Coe pour la succession de Lamine Diack, le 19 août prochain à Pékin. L’ancien perchiste a fait étape à Paris, au cours du dernier week-end, à l’occasion du Meeting Areva au Stade de France. Il en a profité pour présenter son programme à une poignée de journalistes internationaux, dans un restaurant des Champs-Elysées. FrancsJeux y était.
Réorganiser l’IAAF
« Président de la Fédération internationale d’athlétisme est un métier à temps plein. Il n’est pas possible d’occuper la fonction sans s’y donner à fond au quotidien. L’IAAF a également besoin d’un directeur exécutif, un poste qui n’existe pas actuellement. J’imagine aussi une organisation où le président serait secondé par quatre vice-présidents. Et il faudrait renforcer l’équipe de permanents par le recrutement d’un staff de professionnels de très haut niveau. Lorsqu’il voyage à l’étranger, le président de l’IAAF doit rencontrer le chef d’Etat ou le Premier ministre, ainsi que le ministre des Sports. L’IAAF doit travailler de façon plus proche avec les gouvernements, notamment pour la lutte contre le dopage et la place de l’athlétisme à l’école. »
Mieux aider les fédérations nationales
« La situation des fédérations nationales est aujourd’hui très disparate. Dans certains pays, elles n’ont pas un seul salarié à temps plein. L’IAAF doit mieux et plus les aider. Elle doit au moins doubler son aide financière aux fédérations nationales. Dans les pays les moins riches, elle doit aussi payer le salaire de 2 ou 3 professionnels engagés à temps plein, afin d’aider la fédération à mieux vivre avec son temps et à se développer. Mais payer ne suffit pas. Nous devons aussi apporter aux pays de l’information et des connaissances. Il faudrait pouvoir, par exemple, envoyer un ou plusieurs experts dans une fédération qui aurait besoin d’aide, pour mettre en place un programme ou résoudre un problème. Dans ma vision de l’athlétisme en 2025, l’IAAF doit travailler avec chaque fédération nationale selon une approche individuelle qui tiendrait compte de la réalité du pays et de son athlétisme. Nous pourrions également organiser à leur intention des séminaires, en business et marketing notamment, pour les aider à générer plus de ressources. »
Réformer le calendrier
« Il s’agit d’un point clé. Cela prendra du temps, il ne faut pas se précipiter. Mais je souhaite que le calendrier soit plus solide, avec des meetings de haut niveau entre les étapes de la Diamond League. Je voudrais aussi réformer la Diamond League, en la remplaçant par un circuit façon Coupe du Monde. Enfin, je préconise d’allonger la durée des championnats du monde en plein air, tous les deux ans, jusqu’à les organiser sur 11 jours. L’avantage serait de proposer moins de finales chaque soirée, mais en les présentant mieux. »
Président de l’IAAF et membre du CIO
« Ma position de membre du CIO, où je siège à la commission exécutive, constitue un atout pour l’IAAF. Elle peut m’aider à amener l’athlétisme à un niveau encore plus haut. Ma position est aujourd’hui très forte. Si je suis élu président de l’IAAF, je pourrais encore mieux servir tout à la fois le CIO et l’athlétisme. »
Amener l’athlétisme vers les gens
« Nous devons nous rapprocher du grand public, attirer les jeunes, devenir plus attractifs. Pour cela, l’IAAF doit mieux promouvoir ses champions. Les jeunes ont besoin d’exemples à suivre et d’idoles à imiter. Je suis très favorable à l’idée de sortir nos compétitions des stades pour les amener dans la rue. La France l’a fait l’an passé avec un concours de perche à la Tour Eiffel. Plus récemment, les Jeux Européens de Bakou ont organisé deux épreuves, la perche et la hauteur, dans la rue. Un grand succès, marqué par cinq meilleures performances. On peut aussi monter des concours dans les malls, et même imaginer de lancer le disque sur la plage. »
Une campagne auto-financée
« Je paye de ma poche toutes mes dépenses depuis le début de ma campagne pour la présidence de l’IAAF. Je suis bénévole. Je ne pourrais pas vous dire combien tout cela m’a coûté, car je ne compte pas. L’argent n’est pas important, je le fais car j’aime ça. Je ne pourrais pas non plus vous dire combien de pays j’ai visités, je n’ai pas fait le compte. Mais je voyage à peine plus que je le fais en temps normal. Depuis que j’ai arrêté le saut à la perche, ma vie est une succession de voyages et de déplacements. Les gens avec qui je travaille me demande souvent comment j’arrive à survivre. Mon existence était beaucoup plus tranquille à l’époque où j’étais athlète. »