Il se passe toujours quelque chose dans le monde merveilleux du ballon rond. L’ennui n’existe pas. La monotonie non plus. Même dans les moments les plus pathétiques, lorsque les dirigeants de la FIFA s’enfuient à toutes jambes pour échapper à la justice, un épisode ou un autre vient égayer le quotidien. Lundi 20 juillet, les journalistes présents à la conférence de presse de Sepp Blatter à Zurich, sa première depuis le début du « Fifagate », ont eu le privilège d’assister à une scène improbable: une pluie de (faux) dollars, jetés au visage du président démissionnaire (notre photo) par un humoriste britannique, Simon Brodkin.
Visiblement très agacé, Sepp Blatter n’a pas semblé apprécier ce trait d’humour. On peut le comprendre. Il a appelé la sécurité. Et expliqué: « Cela n’est pas acceptable, cela n’a rien à voir avec le foot. Nous sommes ici pour parler football. » L’incident a retardé la conférence de presse. Puis la journée a pu reprendre son cours normal. Une journée du 20 juillet au contenu plus riche que prévu. En une seule poignée d’heures, les médias ont pu en apprendre largement plus qu’ils l’espéraient.
Première information, digne de foi et sans l’ombre d’un doute: le congrès électif de la FIFA se déroulera à Zurich le 26 février. Il accouchera d’un nouveau président. Un homme providentiel qui ne sera pas Sepp Blatter. Ben non, le Suisse rend vraiment les armes, pour de bon cette fois, après presque 18 ans de règne. Il l’a dit, sans prêter serment mais sans non plus laisser la place au doute: « Je ne serai pas candidat le 26 février, il y aura l’élection d’un nouveau président. »
Autre nouvelle, plus suspecte: Sepp Blatter ne se rendra pas à la prochaine session du CIO, à partir du 31 juillet à Kuala Lumpur. Une session au cours de laquelle l’institution olympique doit désigner la ville hôte des Jeux d’hiver en 2022, à choisir entre Almaty et Pékin. Le dirigeant suisse est pourtant toujours membre du CIO. Selon son entourage, il a mis tous ses voyages en stand-by pendant l’enquête de la justice américaine sur les soupçons de corruption. Sepp Blatter doit pourtant faire un aller-retour vers la Russie, ces prochains jours, pour le tirage au sort des groupes du Mondial 2018. Bizarre.
Le petit monde du football a également appris, au cours de cette journée décidément passionnante, que Michel Platini « réfléchissait » à se présenter à la présidence de la FIFA. En soi, l’info n’a rien d’un scoop: l’ancien numéro 10 se pose la question depuis tellement longtemps que même les devins ont fini par se lasser de chercher à lire dans ses pensées. Mais, cette fois, une source présentée comme « très proche » assure qu’il serait en train de réfléchir « très sérieusement ». Il était temps. La même source suggère que le Français pourrait se décider dans les deux semaines. On brûle, donc. Le patron de l’UEFA pourrait déjà compter sur le soutien de quatre confédération: la sienne, la Concacaf (Amérique du Nord et Centrale), la Conmebol (Amérique du Sud), et l’AFC (Asie). Avec un tel contingent de voix, il partirait gagnant certain.
Le meilleur pour la fin: Sepp Blatter ne sera bientôt plus président de la FIFA, mais il pourrait encore sévir dans le football. Interrogé sur son avenir au soir du 26 février 2016, l’inimitable suisse a expliqué qu’il envisageait de revenir à son métier initial, journaliste à la radio. A 80 ans. « Il y a tellement de radios dans le monde, je suis sûr que quelqu’un sera content d’entendre ma voix », a-t-il osé. Ben voyons.