La course aux Jeux d’été en 2024 n’est pas encore officiellement lancée, mais elle est déjà passionnante. Alors que le projet de Boston semble ne plus tenir qu’à un fil, un autre postulant paraît sur le point de rejoindre la ligne de départ: Toronto. Une candidature poussée à fond par Marcel Aubut (notre photo), le président du comité olympique canadien (COC), membre de l’AFCNO.
Le dirigeant québécois, ancien propriétaire des Nordiques de Montréal en NHL, a pris les devants dimanche 26 juillet, dernier jour des Jeux Panaméricains à Toronto. Il a profité d’une conférence de presse où se bousculaient représentants des médias, de la politique et du mouvement sportif, pour annoncer son projet olympique: « Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que Toronto obtienne les Jeux olympiques en 2024. Je me réunirai avec chaque organisme public et privé au Canada afin d’obtenir l’appui nécessaire. »
Marcel Aubut a sans doute choisi le meilleur moment pour son annonce. Au dernier jour des Jeux Panaméricains, un événement qualifié de succès sportif et populaire. Surtout, à la veille de s’envoler vers Kuala Lumpur pour la 128ème session du CIO (31 juillet au 3 août). Une session où le sujet Toronto 2024 devrait occuper toutes les conversations.
Mais il reste au charismatique président du COC à obtenir le feu vert du véritable décideur, John Tory, le maire de Toronto. L’élu de l’Ontario s’est toujours montré très favorable à l’idée d’une candidature olympique. Il l’a dit avant et pendant les Jeux Panaméricains. Mais il a aussi expliqué de façon claire que le dossier ne serait pas discuté en conseil municipal avant la mi-août, au terme de la version handisport des Jeux Panaméricains.
A l’évidence, Marcel Aubut ne veut pas attendre. Le dirigeant canadien en est persuadé: Toronto possède une fenêtre de tir pour décrocher l’organisation des Jeux. Elle peut profiter tout à la fois d’un contexte favorable, avec une candidature américaine en perte de vitesse et au moins quatre projets européens (Budapest, Hambourg, Paris et Rome), et de la nouvelle donne introduite par l’Agenda 2020 du CIO. « J’ai travaillé à cette réforme (l’Agenda 2020) pour tout ce qui touche à la durabilité des Jeux à venir, explique Marcel Aubut. Et si je pouvais réussir à démystifier tous les avantages économiques et financiers qu’il y aura dorénavant dans les Jeux, ce serait un succès pour moi au même titre que le total des médailles (217) qu’on a gagnées ici. Toronto vient de faire la démonstration avec les 16 communautés qui l’entourent que des Jeux multisports pouvaient être présentés avec succès. C’est exactement ce que souhaite la réforme du CIO: plusieurs villes ensemble. »
Au Canada, les médias pointent déjà plusieurs obstacles potentiels à une candidature de Toronto: la campagne des législatives, qui doit débuter à la fin du mois d’août, l’opposition de certains élus locaux effrayés par l’ampleur des dépenses, et enfin le peu de temps qu’il resterait au comité olympique canadien pour obtenir les garanties des autorités et boucler son dossier avant le 15 septembre. Mais Marcel Aubut n’est pas homme à reculer devant la difficulté. A la presse francophone qui lui suggérait qu’une candidature de Toronto pour les Jeux d’été en 2024 enverrait aux oubliettes un projet du Québec pour ceux d’hiver, il a eu cette réponse: « Je n’ai pas pensé à ça du tout. Je suis sur le projet de réussir avec Toronto. C’est à ça que je pense. »