Kuala Lumpur, lundi 3 août 2015, en milieu d’après-midi. La 128ème session du CIO a pris fin quelques heures plus tôt. Au 24ème étage du Mandarin Oriental, l’hôtel officiel de la manifestation, Tunku Imran (notre photo, avec Thomas Bach) règle au téléphone les derniers détails du départ de Thomas Bach vers l’aéroport. « En escorte policière », précise son assistante. Le président du Comité olympique de Malaisie, membre de la famille royale et du CIO, a été l’hôte de l’institution olympique pendant une longue semaine. A l’heure du bilan, il a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux: Quel bilan tirez-vous de cette 128ème session du CIO à Kuala Lumpur?
Tunku Imran: En termes d’organisation, je crois que nous pouvons nous réjouir. Nous avions un bon concept, avec un hôtel officiel situé à quelques mètres du lieu de la session, au Kuala Lumpur Convention Centre. Aucun transport n’a été nécessaire. Le travail d’équipe réalisé par le Comité olympique de Malaisie et le CIO a été excellent. Nous sommes très heureux, le CIO également. Cette organisation permet de placer Kuala Lumpur sur la carte du monde sportif. Elle sert de référence à notre CNO et constitue un premier pas vers des événements encore plus importants.
Qu’avez-vous pensé du contenu de cette session?
Elle a été, je crois, une continuité des travaux entamés à la session de Monaco, en décembre dernier. Une sorte de prolongement des résolutions de l’Agenda 2020. A Kuala Lumpur, nous avons mis les choses en place.
Le CIO semble n’avoir jamais évolué aussi rapidement que depuis l’arrivée de Thomas Bach à la présidence…
C’est vrai, les choses sont en train de changer. Et elles le font très vite. Mais le monde dans son ensemble avance à grande vitesse. Le CIO évolue dans sa gouvernance, avec une plus grande transparence. Il évolue aussi dans sa composition. Six membres se sont retirés au dernier jour de la session. Les nouveaux arrivants seront plus jeunes. Nous avons été critiqués, parfois à juste titre. Mais nous changeons. Aujourd’hui, le CIO accorde une plus grande importance à l’héritage des Jeux, au développement durable, à la souplesse dans l’organisation.
Vous avez suggéré, à l’occasion de cette 128ème session, que le CIO autorise à nouveau ses membres à visiter les villes candidates aux Jeux. Pourquoi?
A mon sens, une élection pour la ville-hôte des Jeux serait plus juste si tous les votants avaient la possibilité de se rendre sur place. Nous avons besoin de sentir les choses, respirer l’ambiance des lieux, connaître les gens, voir ce qui a déjà été construit, découvrir où seront bâtis les autres sites… Je crois que plusieurs membres du CIO auraient voté de façon différente, vendredi dernier, s’ils avaient pu se rendre à Almaty.
A ce stade du processus, que vous inspire la course aux Jeux d’été en 2024?
Une chose est sûre: la ville gagnante ne sera pas asiatique! Plus sérieusement, la course s’annonce très intéressante. Les villes déjà candidates sont toutes très impressionnantes, elles possèdent des infrastructures de grande qualité. La compétition mettra aux prises de véritables géants.
Vous en parlez déjà beaucoup, parmi les membres du CIO?
Honnêtement, non. Il est encore trop tôt, nous ne connaissons même pas la liste définitive des candidates.
Pourtant, le retrait de Boston et la position des Américains semblent avoir alimenté les conversations…
Concernant les Américains, nous observons l’évolution des choses. Ils en sont encore au stade des qualifications, nous attendons de connaître le vainqueur.
Vous avez comparé cette 128ème session du CIO à Kuala Lumpur à un « premier pas » pour la Malaisie. Quels seront les prochains?
Nous organisons les Jeux d’Asie du sud-est en 2017. Nous avançons, mais à notre rythme, sans précipitation. Nous avons de plus en plus d’athlètes qualifiés aux Jeux, mais nous manquons encore de réels potentiels de médailles. A ce jour, la Malaisie attend encore son premier champion olympique. Nous sommes un peu dans la position de l’Espagne avant les Jeux de Barcelone en 1992.
Vous pourriez envisager une candidature olympique?
Bien sûr, mais pour cela nous aurions besoin d’un plus grand nombre de chances de médailles. C’est un élément très important.
A part cela, que vous manque-t-il pour déposer un jour une candidature aux Jeux d’été?
Pour Kuala Lumpur, organiser les Jeux pourrait s’avérer un peu trop indigeste. Mais nous pourrions faire cause commune avec Singapour. Diviser par deux les dépenses, les infrastructures et les épreuves. Une ville pourrait avoir la cérémonie d’ouverture, l’autre la clôture. Selon les équipements et le niveau des athlètes, une ville aurait la natation en première semaine, l’autre l’athlétisme en deuxième. Sur le plan touristique, le projet serait séduisant. Singapour et Kuala Lumpur sont distantes de 300 kilomètres, il suffirait pour les relier de construire un « bullet train ». Si nos deux gouvernements pouvaient se mettre d’accord, une telle candidature serait compétitive. Aujourd’hui, l’Agenda 2020 permet un dossier commun à deux pays.
Une telle candidature est-elle seulement une idée, ou déjà un projet?
Pour l’instant, il s’agit seulement d’une idée. Mais elle me plaît beaucoup. Une idée qui pourrait devenir un projet.