J – 1 an avant l’ouverture des Jeux olympiques de Rio de Janeiro. Une date anniversaire guère plus que symbolique, mais célébrée par les Brésiliens avec un sentiment de soulagement. A en croire le discours officiel, et l’avis de nombreux témoins, les délais et le budgets sont tenus. Les travaux avancent à bon train. Le CIO ne fait plus la grimace. Seul point noir, la pollution dans la baie de Rio, où auront lieu les épreuves de voile, aviron, triathlon, canoë-kayak et natation en eau libre. Un sujet devenu source de polémique depuis la révélation par l’agence Associated Press de prélèvements réalisés au cours des derniers mois, dont les résultats sont jugés très inquiétants pour la santé des compétiteurs.
Qu’en est-il réellement? FrancsJeux a interrogé l’un des premiers concernés, Jean-Christophe Rolland, le président de la Fédération internationale d’aviron (FISA). Le Français apporte un point de vue nettement moins tranché, alors que débutent ce mercredi 5 août, à Rio de Janeiro, les championnats du monde juniors d’aviron, épreuve pré-olympique des JO en 2016.
FrancsJeux: A votre connaissance, les eaux dans la baie de Rio présentent-elles aujourd’hui un danger pour la santé des compétiteurs?
Jean-Christophe Rolland: Pour l’aviron, non. Les épreuves auront lieu sur la lagune, un site de compétition utilisé depuis des décennies par les rameurs. Le Brésil y a organisé, dans le passé, des Jeux Panaméricains, des championnats d’Amérique du Sud. Une dizaine de clubs utilise régulièrement ce terrain d’entraînement. A ma connaissance, ils ne souffrent pas de la moindre infection.
A la FISA, avez-vous effectué des prélèvements afin de juger de la qualité de l’eau du site d’aviron?
Nous disposons des mesures effectuées par les Brésiliens, en différents endroits du bassin, à raison de deux prélèvements par semaine, un rythme qui a augmenté ces derniers jours. Sur certaines données, notamment celles de l’E. coli (outil de détection d’une contamination fécale des eaux), nous avons observé des pics, à certains moments de la journée. Nous nous sommes rapprochés d’experts pour comprendre ces chiffres. Leurs conclusions ne font état d’aucune augmentation significative du risque ou d’un danger pour la santé des rameurs. Le risque zéro n’existe pas, ni à Rio ni ailleurs.
Les Brésiliens avaient promis de dépolluer les eaux de Rio de Janeiro avant le début des Jeux. Tiendront-ils leurs promesses?
Ils ont réalisé des progrès importants au cours des douze derniers mois. Les actions entreprises dans la baie et la lagune ont permis de résoudre une partie du problème, même si les résultats ne seront peut-être pas à la hauteur des ambitions initiales. Il faut rester raisonnable et ne pas céder à la panique. Je ne veux pas que les rameurs aient un sentiment de crainte au moment de mettre leurs bateaux à l’eau. On est en train de mettre une grosse pression sur les Brésiliens. Elle n’est pas justifiée. Je ne veux pas y contribuer.
Comment se présente l’épreuve pré-olympique, qui débute ce mercredi 5 août à Rio de Janeiro?
Comme le veut l’habitude, l’épreuve pré-olympique est organisée dans le cadre des championnats du monde juniors. Un test grandeur nature, dans les conditions réelles d’une grande compétition internationale. A la FISA, nous allons surtout profiter de l’occasion pour juger la partie matérielle et technique du bassin: le balisage, les pontons, la tour d’arrivée…
Les Brésiliens sont-ils dans les temps?
Ils ont connu du retard, mais ils l’ont en grande partie rattrapé. Je ne suis pas inquiet, mais il y aura sans doute un écart entre les promesses initiales et ce qui va être finalement livré.
Que vous inspire le site d’aviron des Jeux de Rio en 2016?
Il est situé dans la lagune, au coeur de la ville. Un site naturel, dans un décor de rêve. Le plus beau bassin olympique de l’histoire. Les Jeux de Rio vont permettre au Brésil de bénéficier pour les 25 prochaines années d’un site de compétition et d’entraînement aux standards internationaux. L’héritage olympique, au vrai sens du terme.