Jour J à Brazzaville. La République du Congo accueille à partir de ce vendredi 4 septembre les 11èmes Jeux Africains. L’événement continental retourne à Brazzaville cinquante ans après sa création. Pour l’occasion, le pays a vu grand. Trop grand, selon certains, peu convaincus par les excès d’un régime déterminés à frapper fort pour impressionner le continent. A quelques heures des trois coups, décryptage des Jeux Africains 2015.
Les sous. Denis Sassou Nguesso, le président congolais, n’a pas lésiné sur les moyens. Le gouvernement aurait dépensé 400 milliards de francs CFA, soit plus de 600 millions d’euros, pour construire une véritable cité olympique à Kintélé, à une quinzaine de kilomètres au nord de Brazzaville. Un stade flambant neuf, un centre aquatique, des salles comme s’il en pleuvait. La chute des cours du pétrole a fait peser sur les organisateurs une forte pression économique. Les travaux de construction, confiés à des entreprises chinoises, ont été plusieurs fois interrompus. Mais la République du Congo a bouclé l’affaire à temps pour sauver la face.
La participation. Très inégale d’un sport à l’autre. En athlétisme, les héros des Mondiaux de Pékin préfèrent monnayer leurs médailles sur le circuit des meetings européens, nettement plus rentable. Les Kényans David Rudisha (800 m), Nicholas Bett (400 m haies), Asbel Kiprop (1500 m) et Julius Yego (javelot), tous champions du monde la semaine passée, ne seront pas de la partie. En revanche, on annonce la présence de la sprinteuse ivoirienne Marie-Josée Ta Lou (11 »04 au 100 m), et de l’Algérien Taoufik Makhloufi, champion olympique du 1500 m en 2012. En natation, le centre aquatique de Brazzaville devrait voir à l’oeuvre Kirsty Coventry, du Zimbabwe, double championne olympique du 200 m dos (2004 et 2008), et les Sud-Africains Chad Le Clos et Cameron van der Burgh. Pour certaines des délégations africaines, la présence aux Jeux sera nettement plus réduite que prévue. Le Burundi, notamment. En cause, la difficulté de trouver les ressources pour financer le voyage et le séjour des athlètes. Sur un tout autre terrain, les fonds de la Solidarité olympique auraient pu compenser. Mais les Jeux Africains ne dépendent pas de l’ACNOA, l’Association des comités nationaux olympiques africains, mais de l’Union Africaine.
La politique. Elle sera omniprésente. Pas seulement au niveau africain. Quatre chefs d’Etats sont arrivés dès jeudi à Brazzaville pour assister à la cérémonie d’ouverture: les présidents Faure Gnassingbé du Togo, Catherine Samba Panza de la Centrafrique, Manuel Pinto da Costa de Sao Tomé et Principé, et Ali Bongo Ondimba du Gabon. Ils prendront place aux côtés de Denis Sassou N’Guesso, le président congolais. En coulisses, l’événement continental s’annonce aussi comme un rendez-vous à ne pas manquer pour les villes candidates aux Jeux de 2024. L’Afrique ne présentant aucun candidature, les voix du continent seront à prendre. Et elles pourraient valoir cher. L’équipe de Paris 2024 fera le voyage en force, en lui donnant une connotation très politique. Thierry Braillard, le secrétaire d’Etat aux Sports, est présent à Brazzaville, vendredi et samedi. Anne Hidalgo, la maire de Paris, est également sur place, pour une escale d’une journée avant de s’envoler vers Libreville.