Thomas Bach va devoir surveiller sa boîte aux lettres. Un courrier large comme un faire-part de noces devrait lui parvenir dans les prochaines heures, au plus tard en fin de semaine. Il a été expédié d’Allemagne, sa patrie. Et porte le logo d’Hambourg 2024. A l’intérieur, la lettre d’intention de la ville et du comité olympique allemand (DOSB) pour une candidature aux Jeux d’été en 2024.
Les porteurs du projet olympique allemand ont fait preuve d’une certaine originalité pour mettre en scène l’envoi au CIO de leur lettre d’intention. Un relais a été organisé dans les rues de la ville et dans le port. Il a rassemblé des athlètes, passés et actuels, et des résidents. Une façon de donner à la candidature une dimension sportive et d’y impliquer d’emblée la population.
Le relais s’est terminé devant une boîte aux lettres. Le maire d’Hambourg, Olaf Scholz, le président du DOSB, Alfons Hoermann, y ont rejoint l’ancienne escrimeuse Claudia Bokel, présidente de la commission des athlètes du CIO (notre photo), pour glisser symboliquement leur missive dans la boîte. Avec ce message: « Le CIO, vous avez du courrier! »
Hambourg est donc officiellement candidate aux Jeux d’été en 2024. Elle rejoint Los Angeles, Paris, Rome et Budapest. Un bataillon de cinq villes candidates qui pourrait encore s’enrichir d’un ou deux postulants. Christophe Dubi, le directeur des Jeux olympiques au CIO, l’a confié à l’agence Associated Press: « Bakou et Toronto sont toujours intéressées, nous attendons une confirmation de leur part ». Le temps presse, la date limite pour le dépôt des fameuses lettres étant fixée au 15 septembre, soit mardi prochain.
Pour Hambourg, le courrier n’est plus un sujet de discussion, mais une étape décisive se dresse encore sur la route des porteurs du projet: le référendum organisé localement sur la candidature olympique. Il est prévu le 29 novembre et appellera les résidents à se déclarer pour ou contre l’idée de postuler aux Jeux. En Allemagne, une consultation comparable avait anéanti les ambitions de Munich pour les Jeux d’hiver de 2022. Mais, cette fois, les sondages se révèlent tous très positifs, avec un soutien exprimé souvent proche des 80% d’opinions favorables.
Olaf Scholz, le maire de la ville, ne s’est pas privé d’établir un lien entre la candidature aux Jeux et l’afflux de migrants en Allemagne et dans la région d’Hambourg. « Au moment où tous ces gens viennent dans notre pays, postuler aux Jeux est un signe pointé dans la même direction », a-t-il expliqué, insistant sur l’hospitalité de sa ville, présentant le port d’Hambourg comme une ouverture sur le monde.
Assez discrète depuis l’annonce de sa candidature, l’équipe allemande semble déterminée à accélérer l’allure. Elle propose un projet olympique « transparent, compact et moderne ». Elle fait le pari du développement durable, avec des JO à tendance écolo, une grande partie des sites étant regroupée sur une île où athlètes, officiels et spectateurs pourront se déplacer en vélo. Elle insiste sur l’héritage que les Jeux laisseraient à la ville, comme ceux de 1972 l’avaient fait à Munich. Alfons Hoerman, le président du comité olympique allemand, l’a rappelé: « 90% des sites de compétitions sont situés dans un périmètre de 10 kilomètres autour du village des athlètes. »
L’Allemagne n’a plus accueilli les Jeux d’été depuis Munich en 1972. Mais le pays ne craint pas de courir deux lièvres à la fois. La Fédération allemande de football lorgne sur l’organisation de l’Euro en 2024. Une compétition où elle est présentée comme l’immense favorite.