Tout sauf une surprise. Après Sepp Blatter, dont l’interminable règne prendra fin en févier prochain, une autre figure de la FIFA est tombée de son fauteuil. Jérôme Valcke, le secrétaire général de l’institution du football mondial, a pris la porte. Mais, à la différence de son président, le Français n’aura pas le loisir de ranger tranquillement son bureau et préparer sa sortie. Le bras droit de Sepp Blatter a été suspendu jeudi soir, avec effet immédiat.
Dans un communiqué au ton très sec, la FIFA indique avoir « pris connaissance d’une série d’allégations impliquant le secrétaire général et demandé qu’une enquête officielle soit menée par la Commission d’éthique ». Les allégations en question ont été publiées par le Daily Mail. Le quotidien anglais écrit que le Français serait impliqué dans une affaire de revente sur le marché noir de milliers de places lors de la dernière Coupe du Monde, disputée l’an passé au Brésil.
L’affaire semble presque trop énorme pour être authentique. Un numéro 2 de la FIFA qui prendrait le risque de tremper dans un trafic de places. Difficile à croire… sauf dans le monde du football. Le Daily Mail cite ses sources: un certain Benny Alon, consultant à l’époque des faits pour une société spécialisée, JB Sports Marketing. Il a confié au quotidien que son agence, alimentée par Jérôme Valcke, revendait les billets frauduleux jusqu’à trois fois leur prix.
Jérôme Valcke, bien sûr, nie les faits. Le Français se protège pour l’instant derrière son avocat, lequel a publié rapidement un communiqué où sont évoqués « des allégations fabriquées ». Le n°2 de la FIFA n’aurait pas reçu un sou. Il aurait seulement eu le malheur de se trouver impliqué dans un contrat avec la société JB Sports Marketing, un contrat qui avait été soumis à la FIFA et dûment ratifié.
Qui croire? Pour l’instant, personne. Mais Jérôme Valcke devait très certainement vivre des nuits sans sommeil depuis plusieurs mois. Considéré comme un proche de Sepp Blatter, l’ancien directeur du marketing de la FIFA, recruté en 2003 avant d’être renvoyé trois ans plus tard, se savait dans l’oeil du cyclone. Son nom avait été cité par le New York Times, au moment de la démission de Sepp Blatter, en mai dernier. Le quotidien américain l’accusait d’avoir transféré 10 millions de dollars sur des comptes gérés par l’ancien vice-président de la FIFA, Jack Warner. Bien sûr, il avait nié.
A peine le Français parti, le directeur financier et secrétaire général adjoint de la FIFA, l’Allemand Markus Kattner, a pris sa place. Au moins pour un intérim. « Il va gérer les affaires courantes », a expliqué un porte-parole de la FIFA. Directeur des finances depuis 2003, il avait été nommé secrétaire général adjoint en 2007.
Jérôme Valcke écarté du paysage, on peut se demander quelles seront les prochaines victimes de l’opération de nettoyage entamée au sein du football mondial. Jeudi 17 septembre, la justice suisse a donné son accord à l’extradition vers les Etats Unis de l’un des principaux suspects dans le scandale de corruption à la FIFA, Eugenio Figueredo. Il rejoindra aux Etats-Unis l’un des ses camarades d’infortune, Jeffrey Webb, extradé en juillet. A Zurich, Sepp Blatter va se sentir très très seul.