Ne jamais dire jamais. Cent douze ans après sa dernière présence aux Jeux, le golf effectuera son retour dans le programme olympique en août 2016 à Rio de Janeiro. Le parcours des JO n’est pas encore terminé, la date de l’épreuve pré-olympique reste floue. Mais, pour les meilleurs golfeurs et golfeuses du circuit pro, l’idéal olympique n’est plus un rêve. Les Français, notamment, s’y préparent activement. Karine Icher (notre photo) et Gwladys Nocera, deux des plus sérieuses candidates à une sélection olympique, l’ont expliqué à FrancsJeux.
FrancsJeux: Le tournoi olympique constituera-t-il pour vous une priorité de l’année 2016?
Gwladys Nocera: Oui. Nous allons le préparer avec le même soin que pour un « majeur ». La calendrier de l’année 2016 n’est pas encore connu, mais une fois que nous en aurons les grandes dates, nous allons construire notre saison avec une double logique: tout mettre en oeuvre pour décrocher les points nécessaires à la sélection, et parvenir à se présenter aux Jeux de Rio au meilleur de notre forme.
Pourquoi ce tournoi est-il aussi important?
Karine Icher: Nous avons tous rêvé des Jeux, depuis toujours. Personnellement, j’ai des images très fortes dans la tête, notamment celles de Marie-José Pérec aux JO d’Atlanta, lorsqu’elle a réalisé le doublé 200/400 m. Jusqu’en 2009, nous n’y pensions pas. Mais depuis que le golf a été admis au programme des Jeux de Rio, accomplir ce rêve est devenu une priorité.
Que pensez-vous de la formule adoptée pour le tournoi de Rio, un « stroke-play » sur 4 jours?
Karine Icher: Elle me semble la plus juste. Elle est moins aléatoire que le « match-play ». Avec cette formule, on peut penser que les médailles iront aux meilleurs joueurs sur l’ensemble du tournoi.
Le parcours n’est pas encore terminé, vous n’aurez pas l’occasion de le découvrir jusqu’à l’avant-veille de la compétition. Est-ce un problème?
Gwladys Nocera: Non. Nous en avons l’habitude. Et nous serons toutes logées à la même enseigne.
Rejoindre la famille olympique implique-t-il pour vous certaines contraintes?
Karine Icher: Nous sommes en train de découvrir les procédures. La plus importante concerne la lutte antidopage. Elle existe déjà en golf, nous pouvons être contrôlées sur les tournois. Mais, jusqu’à présent, les tests n’étaient pas réalisés en dehors des compétitions. En rejoignant la famille olympique, nous devons nous soumettre à un suivi longitudinal et entrer nos données de localisation pour, éventuellement, être contrôlées à notre domicile. C’est nouveau pour nous. Mais je ne vois pas cela comme une contrainte, plutôt comme un progrès.
Les meilleurs golfeurs du monde seront-ils aux Jeux de Rio?
Gwladys Nocera: Chez les filles, je crois. On en parle déjà beaucoup, les Jeux sont dans toutes les conversations. Personnellement, j’ai envie de vivre l’émotion des Jeux. J’ai même repoussé la fin de ma carrière pour participer à l’événement. Les JO m’ont apporté une nouvelle, et sans doute dernière, motivation. J’aurai 41 ans l’an prochain. Il sera temps de me poser. Mais je connais plusieurs filles qui, comme moi, ont repoussé leur carrière pour être présentes à Rio.
Logerez-vous au village des athlètes?
Gwladys Nocera: Bien sûr. Du premier au dernier jour.
A la différence des autres tournois du circuit, les Jeux de Rio ne distribueront pas d’argent. Vous le regrettez?
Gwladys Nocera: Non. L’argent n’a aucune importance, il n’entre pas en ligne de compte.
Le golf avait-il vraiment besoin des Jeux olympiques? Que peuvent-ils apporter à la discipline?
Gwladys Nocera: Une plus grande médiatisation. Chez les filles, notamment, le golf manque de médiatisation. Prenez mon exemple et celui de Karine (Icher). Nous nous situons à peu près au 60ème rang mondial, dans un classement où figurent 600 joueuses. Nous sommes fortes, nous jouons bien. Mais qui nous connaît? Remporter une médaille aux Jeux peut changer le regard des gens. Les Jeux peuvent aussi donner envie à des enfants dans le monde entier de se mettre au golf, en rêvant à leur tour d’y faire carrière et de connaître l’ambiance olympique.