La FIFA a pris l’habitude d’évoluer dans le chaos. Sepp Blatter, son futur ex-président, semblait même y prendre un certain plaisir. Mais l’institution suprême du football est en train de pousser le bouchon à une distance jusque-là difficile à imaginer, même dans le pire scénario. L’épisode de la semaine se joue dans la salle de réunion de la chambre d’instruction de la commission d’éthique de la FIFA. Ses membres devraient y rester jusqu’à vendredi 9 octobre. Et il se murmure, dans les couloirs du siège de l’organisation à Zurich, que leur décision pourrait provoquer un nouveau séisme.
Résumons nous. Réunie depuis mercredi, la commission d’éthique de la FIFA est saisie des dossiers Blatter, Platini et Chung Mong-joon (notre photo), soit l’actuel président de la FIFA, démissionnaire depuis l’été dernier mais toujours en place, le patron de l’UEFA annoncé favori pour lui succéder, et le milliardaire sud-coréen présumé rival le plus dangereux du Français pour la présidence. En somme, les trois personnages clés de l’affaire.
Au premier, elle reproche à peu près tout et son contraire, mais surtout d’avoir arrosé la tête entière de ses « largesses », notamment Michel Platini, à qui le Suisse aurait signé en 2011 un chèque de 2 millions de francs suisses (environ 1,8 M€), et l’Union caribéenne de football du sulfureux Jack Warner, bénéficiaire d’un contrat très avantageux pour les droits de télévision des Mondiaux 2010 et 2014. En clair, Sepp Blatter est accusé d’abus de biens sociaux, même si l’expression n’est jamais utilisée à la FIFA.
Michel Platini, de son côté, doit expliquer le pourquoi du comment de ce désormais fameux chèque de 2 millions de francs suisses reçu de Sepp Blatter. Mais, problème, le Français n’aurait toujours pas été convoqué par la commission d’éthique de la FIFA. Difficile, dans ce cas, de s’en justifier.
Chung Mong-joon, le « troisième homme », serait de son propre aveu sous la menace d’une suspension de 19 ans, autant dire définitive car l’homme politique et businessman fêtera ses 64 ans le 17 octobre. On lui reproche d’avoir voulu favoriser la Corée du Sud dans l’attribution du Mondial 2022.
Que fera la commission d’éthique? Mystère. Selon plusieurs sources, elle compromettrait sa crédibilité en restant les bras croisés. Il lui faudra donc agir, donc sanctionner. Un scénario logique, voire normal, la verrait renvoyer Sepp Blatter illico vers la sortie, puis infliger une sanction à Michel Platini et à Chung Mong-joon. Une décision qui les empêcherait, l’un comme l’autre, de poursuivre leur campagne pour la présidence de la FIFA.
La route serait alors libre pour les « seconds couteaux » de la course, le prince jordanien Ali bin Al Hussein, le Brésilien Zico, le Libérien Mussa Bility, voire le Sud-Africain Tokyo Sexwale, dont le nom circule avec insistance comme un futur candidat.
Difficile à imaginer. Mais il ne semble pas non plus réaliste d’envisager que, dans le climat actuel, Sepp Blatter reste à son poste jusqu’au 26 février 2016, date de l’élection, et que l’issue du scrutin se joue entre Michel Platini et Chung Mong-joon, l’une comme l’autre désormais pris dans la nasse. Le chaos, donc. Un air de déjà-vu.