Koji Murofushi ne craint pas les longs voyages. Le directeur des sports de Tokyo 2020 était présent à Moscou, la semaine passée, au 1er Forum de l’Association mondiale des olympiens. Il se rendra à Washington, cette semaine, pour l’assemblée générale de l’Association des comités nationaux olympiques (ACNO). Entre deux avions, le champion olympique du lancer du marteau à Athènes en 2024 a évoqué pour FrancsJeux sa vision du programme olympique en 2020, le succès marketing du comité d’organisation des JO de Tokyo et, en prime, son avenir personnel.
FrancsJeux: A 5 ans des Jeux, le comité d’organisation de Tokyo 2020 compte déjà 21 partenaires, dont 7 sponsors officiels de premier rang. Etes-vous surpris par le succès marketing des JO d’été en 2020?
Koji Murofushi: Surpris, non, mais très heureux. Nous avons beaucoup travaillé pour cela, dans un contexte rendu difficile par la situation de certains sites de compétition. Le futur stade constitue un dossier très important. Il est désormais entre les mains du gouvernement. Nous ne serons pas prêts pour la Coupe du Monde de rugby, mais nous le serons pour les épreuves pré-olympiques. Nous jouons à fond la transparence.
Qu’attendez-vous de ces Jeux de 2020 à Tokyo?
Nous avons devant nous un défi: faire au moins aussi bien que les Jeux de Tokyo en 1964. Je sais qu’ils ont été un très gros succès. A Moscou, j’ai rencontré plusieurs olympiens qui étaient présents et m’ont raconté à quel point l’expérience avait été réussie. Nous voulons que l’impact des Jeux de 2020 soit aussi fort. Pour cela, nous mettons les athlètes au premier rang de nos priorités. Les athlètes en tête, c’est notre mot d’ordre depuis le début. Et ça ne changera pas.
Revenons sur le choix de votre comité d’organisation de proposer cinq nouveaux sports aux Jeux de 2020. Pourquoi un tel choix?
Vous devez comprendre que ces cinq nouveaux forment une sorte de package. Il ne faut pas les voir comme une addition de cinq sports, mais comme un ensemble indissociable. Je les appelle la « boîte bento ». Ensemble, ils ont pour vocation de séduire le public japonais et d’attirer vers les Jeux une génération nouvelle.
Ces cinq nouveaux sports représentent 474 athlètes. N’est-ce pas trop, au moment où le CIO ne veut pas augmenter la taille des Jeux?
Le CIO nous avait demandé de ne pas dépasser un maximum de 500 nouveaux athlètes. Nous sommes restés en dessous de cette limite.
L’ajout du skateboard semble déjà constituer un problème, plusieurs fédérations se disputant son autorité…
C’est vrai, mais il s’agit encore d’un sport jeune. Nous allons régler cette question. Pour nous, le skateboard est très important. Il ne s’agit pas seulement, en proposant cinq nouveaux sports, de rendre le programme plus attractif pour la jeune génération. Nous espérons surtout faire venir un autre public, porteur d’une autre culture, celle du sport de la rue. En ce sens, intégrer le skateboard peut s’avérer un message fort.
Serez-vous à nouveau candidat à la commission des athlètes du CIO?
La question n’est pas d’actualité. Aujourd’hui, je suis très impliqué dans mon rôle de directeur des sports de Tokyo 2020. Le moment n’est pas opportun pour moi d’évoquer une candidature au CIO.
Que devient votre carrière d’athlète?
Disons que je me situe en ce moment dans une phase transitoire. Je m’entretiens encore, mais je trouve de moins en moins le temps de lancer. Pour la première fois, cette année, je n’ai pas disputé les championnats du Japon. Jusque-là, j’avais pourtant remporté vingt titres nationaux consécutifs au lancer du marteau!
Depuis Tokyo, que vous inspire la course aux Jeux d’été en 2024?
Ma position est très neutre. J’observe. Mais je pense que cette course sera très intéressante à suivre. L’Agenda 2020 change la donne: la question de la carte des sites n’est plus la même, les valeurs évoluent, le processus a été modifié. Il sera très instructif de voir de quelle façon ces changements vont se traduire chez les membres du CIO au moment du vote.