Candidatures

Rome 2024 a trouvé ses millions

— Publié le 5 novembre 2015

Les villes candidates aux Jeux d’été en 2024 n’ont pas toutes les mêmes priorités. A Hambourg, les esprits sont concentrés sur le référendum du 29 novembre. A Paris, on se prépare à dévoiler dans les prochaines heures les sites du village et du centre aquatique. A Rome, on discute du budget. Une discussion qui se révèle pour le moins difficile à suivre pour les observateurs de la campagne olympique.

Petit retour en arrière. En début d’été dernier, il se raconte en Italie que l’équipe de Rome 2024 choisira de mettre profil bas, au moins dans ses dépenses, avec un budget de candidature de 10 millions d’euros. Si peu? Dans les villes concurrentes, on s’interroge. Mais le chiffre est confirmé.

Début août, un première nuance est apportée par Claudia Bugno, la directrice de la candidature italienne. Interrogée par FrancsJeux à Kuala Lumpur, à l’occasion de la session du CIO, elle explique que les 10 millions d’euros constituent une somme plancher, assurée par les pouvoirs publics, mais que plusieurs opérations de financement et une campagne de marketing devraient rapidement l’augmenter dans des proportions visibles.

A Washington, la semaine passée, Luca di Montezemolo a failli s’étrangler de rire en entendant la presse étrangère l’interroger à nouveau sur ces désormais fameux 10 millions. Le patron de la candidature romaine, en visite dans la capitale américaine à l’occasion de l’assemblée générale de l’ACNO, a joué les incrédules. « 10 millions? Mais d’où sortez-vous ce chiffre? Avec un tel budget, nous n’aurions aucune chance », a lâché l’ancien boss de Ferrari, sans pour autant se montrer très précis sur le montant réel du budget de la candidature. « Nous en saurons plus, et vous aussi, au mois de janvier 2016 », s’est-il borné à expliquer.

Au même moment, l’un des autres acteurs majeurs du dossier, Giovanni Malago (notre photo), a donné une version différente. Le président du Comité national olympique italien (CONI), numéro 2 de la candidature derrière Luca di Montezemolo, a accordé à Washington une interview au Corriere dello Sport. Il y évoque le budget de la candidature en des termes plus précis, et surtout nettement plus réalistes. Selon Giovanni Malago, l’équipe de Rome 2024 pourra compter sur une enveloppe d’au moins 25 millions d’euros. Un pactole certes inférieur à celui annoncé par Paris (60 M€), Hambourg (50 M€) ou Budapest (40 à 45 M€), mais largement au-dessus des chiffres cités au cours des derniers mois.

Giovanni Malago l’explique: la candidature de Rome devrait embarquer à son bord certaines des plus grandes entreprises italiennes. Il évoque Fiat, Armani et Unipol. La BNP Paribas, présentée comme l’un des premiers soutiens, aurait déjà assuré une dotation de 600.000 euros.

Un autre partenaire annoncé de Rome 2024, Telecom Italia, intrigue. L’entreprise de téléphonie est en effet passée sous pavillon français. Le groupe Bolloré, propriétaire notamment de Vivendi et de Canal +, en est devenu l’actionnaire principal avec 20% des parts. Et il se raconte que Xavier Niel, le patron de Free, pourrait entrer dans son capital à hauteur de 15%. Dans le même temps, Bolloré est régulièrement cité parmi les potentiels partenaires privés de la candidature de Paris pour les Jeux de 2024. En s’engageant aux côtés du dossier français tout en associant Telecom Italia à la candidature de Rome, Vincent Bolloré posséderait 2 chances sur 5 de l’emporter. Malin.