Combien coûte un événement sportif mondial? En Russie, le chiffre compte tellement de zéros qu’il menace l’équilibre même du mouvement olympique. En Chine, la réponse à cette question ne sort jamais des urnes du pouvoir. A Paris, le montant peut se révéler très modeste. Et même, avouons-le, ridiculement bas.
En 2018, la capitale française organisera la 10ème édition des Gay Games. Elle succédera à Cleveland, aux Etats-Unis, hôte en 2014 d’un événement présenté comme mi-sportif mi-culturel, fondamentalement tolérant et résolument festif . Paris l’a arraché à la convoitise de Londres, Amsterdam, Orlando, Sao Paulo, Limerick et Rio de Janeiro.
Budget de la manifestation, où sont attendus 15.000 participants et 40.000 visiteurs: 7 millions d’euros. Sérieux? Parfaitement. Manuel Picaud, le co-président du comité d’organisation, a ouvert ses livres de comptes pour FrancsJeux, la semaine passée, à l’occasion de la date symbolique de J – 1000 jours avant le début des Gay Games 2018. Sept millions d’euros, pas un kopeck de plus. « A peine un peu plus de 10% du budget de la candidature de Paris pour les Jeux de 2024 », précise-t-il dans un demi-sourire.
La comparaison n’a qu’une valeur anecdotique. Les Gay Games ne sont pas les Jeux olympiques. Les athlètes payent leur participation (le montant de l’inscription, variable d’un sport à l’autre, sera connu en fin d’année), ils ne sont pas logés dans un village, mais doivent financer voyage et séjour, les journalistes sont trop peu nombreux pour nécessiter la construction d’un centre des médias… Il n’empêche, le modèle économiques des Gay Games Paris 2018 ne manque pas d’intérêt.
Le financement, d’abord. « Il est assuré à 80% par des fonds privés, explique Manuel Picaud. Une bonne moitié proviendra du sponsoring et du mécénat, le reste étant apporté par les inscriptions des participants, le merchandising et la billetterie. » Une fondation, Inclusion Paris 2018, a été constituée pour recevoir les dons, un procédé qui permet aux mécènes de défiscaliser leur participation.
Côté dépenses, priorité a été donnée au bénévolat et à la débrouille. Le comité d’organisation recensera… deux salariés. Nouveau record du monde. L’un d’eux est détaché du ministère des Sports. Pas cher, donc. Manuel Picaud l’assure avec une pointe de fierté: « Je suis bénévole depuis le premier jour de cette aventure. Et je le serai jusqu’à la fin ». Avec lui, environ 150 personnes ont accepté de prêter main-forte à la préparation de l’événement. « Nous sommes une fédération d’énergies », suggère-t-il. Belle formule.
Dans le détail, ce budget famélique sera consacré pour 62% à l’organisation proprement dite des Jeux, 20% aux dépenses d’administration et de gestion, enfin pour 18% à la communication. « Nous ne ferons rien de superflu, explique Manuel Picaud, mais nous avons la volonté de mettre les moyens où ils seront les mieux utilisés, notamment dans la cérémonie d’ouverture. » Elle se déroulera la 4 août 2018.
Les Gay Games ne justifieront aucune construction de sites, l’événement ayant prévu d’utiliser les équipements déjà existants, dont le stade Jean-Bouin ou le futur complexe aquatique (aviron et canoë-kayak) de Vaires-sur-Marne. L’Arena de Bercy, récemment rénovée, pourrait également entrer dans le dispositif, sous réserve que son coût s’avère raisonnable. Sept millions d’euros, vraiment? Ben oui.