Sheikh Ahmad al-Fahad al-Sabah vivrait-il dans un avion? La semaine passée, il a posé ses malles à Lausanne, où il avoue passer entre une semaine et dix jours par mois. Puis il a accompagné Thomas Bach, le président du CIO, à Prague pour l’assemblée générale de l’Association des comités nationaux olympiques européens (EOC). Demain, il se rendra à Port-Louis, sur l’Ile Maurice, pour la réunion annuelle des comités olympiques africains (ACNOA). Le dirigeant koweïtien a trouvé le temps, entre deux vols, de répondre longuement aux questions du quotidien suisse francophone 24 Heures. Une interview dont nous publions quelques extraits.
« Je suis un homme qui aime le sport et qui vient d’une famille de sportifs. Cela fait maintenant quarante ans que je suis athlète, et trente ans que je suis un officiel du monde sportif. J’ai été formé à l’Académie militaire du Koweït avant d’être colonel de l’armée de mon pays. Ensuite, j’ai longtemps occupé à la fois des postes importants dans le sport et dans la politique. Mais j’ai fini par choisir le sport. Et la politique du sport est très différente de la politique de la politique. »
« Si le CIO reste l’entité sportive dirigeante, les fédérations internationales et les comités olympiques nationaux sont ses principaux partenaires. Pendant trop longtemps, ces derniers se sont contentés de faire de la figuration. Quand je suis arrivé à la tête de l’organisation (ACNO), j’avais à cœur de lui donner de l’importance en opérant des changements concrets. Nous voulions organiser un événement pour nos athlètes, surtout pour ceux qui n’ont pas la chance de prendre part aux Jeux olympiques. Pas par manque de résultats, mais simplement parce que leur sport n’est pas représenté aux JO. Nous avons choisi les « Beach Games », parce qu’ils ne nécessitent que peu d’infrastructures, que le budget nécessaire est limité et que tout le monde aime la mer, le soleil et la plage. La première édition est fixée à 2017 et sera coorganisée par la ville de San Diego. »
« Mon premier voyage en Suisse remonte à ma jeunesse, où je suivais des cours d’été à Crans-Montana. J’ai aussi passé de nombreuses vacances sur les bords du Léman. Mon premier voyage officiel à Lausanne date, lui, du début des années 90, quand j’ai succédé à mon père en tant que membre du CIO. Pour moi, il est essentiel d’être près des fédérations internationales, du CIO et de nombreuses autres organisations sportives. Sans l’aide de Lausanne, nous peinerions certainement à maîtriser les lois locales et à y adapter nos statuts. De plus, la Suisse vient de se montrer plus ferme dans sa lutte contre le blanchiment d’argent et de resserrer le système bancaire, ce qui rassure un président comme moi. »
« Pourquoi je ne veux pas succéder à Sepp Blatter ? Parce que je pense que j’ai un plus grand rôle à jouer que celui de président! Je peux apporter plus à la FIFA comme coordinateur et membre de la Commission des réformes, présidée par votre expérimenté concitoyen, Me François Carrard. Je ne veux pas me disperser et perdre mon énergie à faire campagne. Je préfère consacrer tout mon temps à trouver des solutions pour l’avenir. Je peux assurer une communication permanente avec les membres de tous les continents. J’ai la liberté nécessaire pour tracer des scénarios et faire entendre mes propositions si je n’ai pas d’intérêts cachés. Si on fait abstraction du scandale actuel, c’est Michel Platini qui aurait logiquement pris la place de Blatter. Cette transition aurait été tout à fait normale. Cela faisait des années que tout le monde savait cela. Tous les deux sont mes amis et, à un niveau humain, tout cela est très délicat. »