Qui veut encore des Jeux olympiques? Depuis le brutal coup d’arrêt de la candidature d’Hambourg aux JO d’été en 2024, la question tient désormais plus du sujet d’actualité que d’un mémoire de fin d’études universitaires. Pour l’hiver, la réponse est connue, plutôt tristounette. Seulement deux villes, Almaty et Pékin, ont disputé jusqu’au bout la course à l’édition 2022. Les autres ont renoncé avant même l’attaque du premier virage.
Pour l’été, le décor se révèle finalement à peine plus fourni. Boston, la ville américaine initialement choisie par l’USOC, a jeté l’éponge avant même l’appel des candidats. Les sondages d’opinion y étaient catastrophiques. L’échec était déjà visible. Hambourg vient de tirer sur le frein à main et se ranger sur le bas-côté. Istanbul, Doha, Bakou, un moment pressenties, en sont restées au stade de la vague intention.
Alors que la campagne officielle des Jeux de 2024 a débuté depuis moins de trois mois, elles ne sont donc plus que quatre en compétition: Budapest, Los Angeles, Paris et Rome. « Le CIO est fier d’avoir quatre solides villes candidates », a assuré Thomas Bach, lundi 30 novembre, au lendemain du retrait allemand. Admettons. Mais le président de l’organisation olympique en espérait certainement un peu plus pour la première campagne depuis l’adoption de l’Agenda 2020.
Sur un plan purement historique, l’échec du courageux référendum organisé à Hambourg et à Kiel n’a rien d’une surprise. Il s’inscrit dans le sens presque normal des choses. Depuis la victoire du Oui pour les Jeux d’hiver 2010 à Vancouver, où les partisans des JO l’avaient emporté début 2003 avec 64% des voix, les consultations olympiques ont toutes été négatives. Pour la seule année 2014, le Non aux Jeux d’hiver 2022 a raflé la mise à Munich (52%), Saint-Moritz/Davos (53%) et Cracovie (70%).
Avec un tel enchaînement statistique, la conclusion est simple: pour espérer décrocher la timbale, il est plus que recommandé aux équipes de candidature d’éviter de demander son avis à la population par une consultation directe et démocratique. Les porteurs du projet parisien pour 2024 l’ont compris, rejetant l’idée d’un référendum. Le comité de candidature de Rome 2024 également. Fiona May, l’une des ambassadrice du dossier italien, l’a expliqué en début de semaine à Associated Press: « Les citoyens de Rome sont des gens assez particuliers. Les Italiens sont très passionnés. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’organiser un référendum. Leur passion se ressent. »
Dans un tel contexte, l’enjeu de la mobilisation devient prioritaire pour les quatre postulants aux Jeux de 2024. Un membre anglophone du CIO l’a suggéré à FrancsJeux après le retrait d’Hambourg: « Le CIO ne donnera certainement pas les Jeux à une ville où la population n’en veut pas vraiment. Le soutien populaire pourrait être déterminant dans le choix des membres. » A Budapest, Los Angeles, Paris et Rome, il faudra donc mo-bi-li-ser. Du premier au dernier jour. En priant le ciel que la campagne ne soit pas perturbée par un « événement extérieur », pour reprendre l’expression des Allemands dimanche dernier après le résultat du vote, façon scandale de dopage ou de corruption, crise politique ou financière, menace sécuritaire.
A ce jeu, lequel des quatre postulants est-il le mieux armé? Difficile de trancher. A Los Angeles, l’équipe de candidature aime brandir un sondage récent selon lequel quatre habitants sur cinq de la ville californienne seraient favorables aux Jeux. Eloquent. Mais rappelons que les sondages étaient tous en faveur du Oui, à Hambourg, jusqu’au jour du scrutin. Leur lecture est donc à prendre avec une certaine distance. A Budapest, candidate pour la première fois aux Jeux, l’attrait de la nouveauté peut se révéler un atout… ou au contraire un handicap. A Paris, la campagne de financement participatif lancée par le comité national olympique à la fin du mois du septembre, « Je rêve des Jeux », affiche un résultat modeste, voire décevant, avec 626.060 euros de dons ce mercredi 2 décembre, selon le site Internet officiel. A Rome, la présumée « passion » des citoyens pourrait bien s’effriter face à une situation politique pour le moins instable, un superpréfet, Francesco Paolo Tronca, ayant été sollicité pour administrer la ville après la démission du maire, Ignazio Marino.
Qui veut encore des Jeux? Pour 2024, la victoire pourrait bien aller à celui des quatre candidats qui saura le mieux convaincre le CIO que l’envie y est plus forte chez lui que chez ses rivaux.