Pas facile tous les jours, la vie de membre du CIO. Pour les plus gradés du lot, invités à siéger à la commission exécutive, les journées se révèlent parfois interminables. Meilleure preuve cette semaine. La dite commission exécutive, organe suprême de l’institution olympique, se réunit à Lausanne à partir de ce mardi 8 décembre, pour une session de 3 jours où le programme des festivités s’annonce copieux.
Au menu, le dopage, avec un débat présumé animé sur la situation de la Russie, voire du Kenya, et les mesures à prendre pour accompagner l’IAAF dans ses efforts de nettoyage. Un point de l’ordre du jour qui verra Craig Reedie, membre de la commission exécutive du CIO, s’exprimer devant ses pairs en se couvrant de son autre casquette, celle de président de l’Agence mondiale antidopage (AMA).
Au menu, également, l’attitude à adopter face à la situation du Mexique, où l’interférence répétée des autorités politiques dans les affaires des fédérations sportives, visiblement justifiée mais contraire à la charte olympique, pourrait envoyer le comité national olympique passer quelques temps sur le banc des pays suspendus. Une menace que le comité olympique en question assure encore « peu probable », au moins à court terme. A voir.
Au menu, toujours, une discussion sans doute assez informelle sur la victoire du Non au référendum sur la candidature d’Hambourg aux Jeux de 2024. Et, par effet direct, le retrait de la ville allemande de la course aux Jeux. Thomas Bach s’est longuement exprimé sur le sujet dès le lendemain des résultats de la consultation. Il l’a encore fait en fin de semaine passée, assurant que cet échec allemand ne remettait pas en question l’Agenda 2020 du CIO. « Sans cet Agenda 2020, il n’y aurait tout simplement pas eu de candidature d’Hambourg, et peut-même des autres villes en course », a suggéré Thomas Bach à l’agence DPA. Pas faux.
Au menu de ces trois journées, surtout, la préparation des Jeux de Rio en 2016. La pièce de résistance de la réunion des sages du CIO. Le sujet le plus attendu. Carlos Nuzman, le patron du comité d’organisation des JO de Rio, a fait le voyage vers Lausanne à la tête d’une délégation de cadres de son équipe. Ils doivent présenter l’état d’avancement du dossier devant Thomas Bach et ses collègues de la commission exécutive. Il leur faudra également répondre aux question d’une assemblée pas vraiment rassurée par l’actualité du moment au pays de la samba et du roi Pelé.
Pour faire simple, disons que les sujets de préoccupation ont radicalement changé depuis l’an passé, à Rio de Janeiro. Mais, sombre perspective, ils ne se font pas moins nombreux. Une année en arrière, le mouvement olympique s’inquiétait du retard des Brésiliens dans les travaux de construction du village, des routes et des sites de compétition. L’inquiétude était légitime. Elle ne l’est plus. Carlos Nuzman pourra l’expliquer ces jours-ci à Lausanne en roulant des mécaniques: le timing est respecté, les travaux avancent et tout sera prêt le jour J. Top.
Seul ennui, mais de taille: le Brésil traverse actuellement une crise économique et politique parmi les plus sérieuses de son histoire. Sa monnaie, le real, a perdu cette année un tiers de sa valeur et l’inflation approche à grands pas de la barre des 10%. Dilma Rousseff, la présidente, est l’objet d’une campagne de dénigrement des partis d’opposition. Elle est soupçonnée d’avoir utilisé l’argent des banques nationales pour financer des dépenses publiques. Sa cote de popularité dans les sondages a dégringolé au cours des dernières semaines, pour se situer autour des 10% d’opinions favorables.
Conséquence: un plan d’économies d’environ 500 millions d’euros imposé au comité d’organisation des Jeux. Mario Andrada, le porte-parole de Rio 2016, répète sans lassitude que les restrictions budgétaires ne toucheront rien de déterminant pour la bonne organisation de l’événement. Les « test-events » seront réduits, la cérémonie d’ouverture se fera moins coûteuse… Il n’empêche, les Brésiliens ont annoncé la semaine passée que l’air conditionné au village des athlètes serait à la charge des délégations, avant de faire brutalement marche arrière et jurer le contraire. Selon Associated Press, le comité d’organisation n’a toujours pas trouvé d’accord de partenariat avec une compagnie d’électricité, laissant présager que le courant sur les sites olympiques pourrait être fourni par des simples générateurs. Inquiétant.