Pour Paris 2024, l’heure des comptes a sonné
— Publié le 17 décembre 2015
Paradoxe. A l’heure où le CIO ne jure plus que par le low-cost, pierre angulaire de son Agenda 2020, la question du financement reste au cœur des candidatures olympiques. Et elle en perturbe plus d’une. A Los Angeles, le surcoût annoncé du village des athlètes a créé une épaisse zone d’ombre sur le dispositif californien. A Paris, l’opération de financement participatif lancée par le comité olympique français n’a pas rencontré le succès espéré. Elle touchera bientôt à sa fin.
Intitulée « Je rêve des Jeux », cette vaste campagne nationale de crowdfunding a été lancée en grandes pompes vendredi 25 septembre 2015. Elle se présentait comme inédite dans l’histoire du sport français. Un caractère novateur mis en avant par le CNOSF pour justifier son refus d’annoncer un objectif précis sur les montants des dons à récolter.
L’opération a connu un début très encourageant, avant de ralentir nettement et montrer de vrais signes d’essoufflement. Elle doit se terminer le 31 décembre 2015 à minuit. Au dernier pointage, ce jeudi 17 décembre en milieu de matinée, « Je rêve des Jeux » avait permis au mouvement sportif français de récolter 629.422 euros. Vingt-quatre heures plus tôt, le compteur présent sur la page d’accueil du site Internet de l’opération, www.jerevedesjeux.com, affichait la somme de 629.382 euros. Le calcul est facile. En une journée, la cagnotte a augmenté de 40 euros. C’est peu. Osons dire très peu.
Précision importante: la somme réelle amassée par le CNOSF dans le cadre de cette opération devrait s’avérer, au final, assez supérieure au montant actuel. Le compteur ne comptabilise pas la vente des bracelets « Je rêve des Jeux » proposés au public dans les différents points de vente sur le territoire.
Inquiétant? Oui et non. Certes, le comité olympique français espérait plus. Denis Masseglia, son président, ne cache pas une certaine déception. Son conseil d’administration est réuni cette semaine à Paris. Il doit « explorer plusieurs pistes », selon le discours officiel, afin de pouvoir contribuer plus largement au financement d’une campagne olympique dont le budget est censé atteindre 60 millions d’euros. Les fédérations pourraient être mises à contribution, par un système de subventions ou un prélèvement sur le montant des licences. Dans tous les cas, leur participation devrait se faire sur la base du volontariat. Sollicité par FrancsJeux, Denis Masseglia n’a pas souhaité s’exprimer sur la question « avant la fin de la semaine. »
Une déception, donc, mais somme toute très relative. L’opération « Je rêve des Jeux » n’a pas été servie par les circonstances, les attentats du mois de novembre à Paris ayant repoussé le sujet olympique assez loin parmi les préoccupations des Français. Surtout, cette campagne de financement n’a jamais été considérée par l’équipe de Paris 2024 comme un point de passage décisif, encore moins comme un test de la mobilisation du pays.
Reste la question cruciale du financement de la campagne. Bernard Lapasset, le co-président du comité de candidature, y a répondu en partie mercredi 16 décembre. Il a assuré à l’AFP que les noms des entreprises qui qui avaient accepté de s’engager dans l’aventure seraient connus au mois de janvier 2016. « Toutes les entreprises que nous avons contactées sont enthousiastes, a assuré Bernard Lapasset. Elles sont toutes conscientes du pouvoir de mobilisation du dossier, de l’intérêt de l’accompagner jusqu’en 2017 ». Le programme de partenariat devrait se révéler assez classique, avec un premier niveau de partenaires majeurs (au moins une dizaine), auxquels s’ajoutera un réseau de PME/PMI engagées financièrement de façon plus modeste.
Objectif annoncé: 30 millions d’euros, soit la moitié du budget de la candidature. Le reste, 30 autres millions d’euros, est assuré à parts égales par l’Etat, la région Ile-de-France et la ville de Paris, chacun devant se fendre d’un chèque de 10 M€.
Selon le site Insidethegames, Paris ferait actuellement la course en tête. Les bookmakers britanniques accordent à candidature française la cote de 6 contre 5.