Enfin. Après un feuilleton à rebondissements, une attente de plusieurs mois et quelques spectaculaires dérapages budgétaires, Tokyo tient enfin son stade olympique pour les Jeux d’été en 2020. Le gouvernement japonais l’a annoncé ce mardi 22 décembre: le projet « A » de l’architecte Kengo Kuma a été préféré au plan « B ». Une victoire qui se serait jouée, selon les sept membres du Japan Sport’s Council, en charge de la sélection, « avec une très courte avance ».
Le résultat décevra certainement les amateurs de nouveauté et d’audace architecturale. Le projet initial (photo du bas), imaginé par l’architecte Irako-britannique Zahia Hadid, proposait des lignes futuristes et une conception innovante. Comparée à un casque de cyclisme, sa forme ne laissait personne indifférent. Mais son coût, estimé à 252 milliards de yens (environ 1,9 milliards d’euros), en aurait fait le stade le plus cher de l’histoire. Une extravagance dont les autorités japonaises ne voulaient pas. Le Comité international olympique non plus.
Le nouveau projet (photo du haut) se révèle nettement plus classique. Il donne une franche impression de déjà-vu. Mais la future enceinte olympique présente l’immense avantage de coûter « seulement » 153 milliards de yens (environ 1,15 milliards d’euros). Elle rentre pile poil sous la barre des 155 milliards de yens fixée par les autorités politiques du Japon pour le stade des Jeux de Tokyo en 2020.
Dans le détail, les différences entre le projet d’hier et celui d’aujourd’hui se révèlent nombreuses. Zahia Hadid avait imaginé une enceinte de 80.000 places, haute de 70 mètres, où deux immenses arches auraient soutenu un toit futuriste. Sa construction aurait duré 45 mois. Kengo Kuma, un architecte japonais de 61 ans, connu au pays pour avoir conçu le Suntory Museum of Art de Tokyo et le siège social du groupe LVMH à Osaka, propose un stade de 69.000 places, haut de 49 mètres, aux lignes traditionnelles et au concept résolument écolo. « Un arbre de vie géant » dont la construction devrait être complétée en 36 mois.
Kengo Kuma l’a juré avec une main sur le coeur: il tiendra les délais. Le Japon n’a plus le choix. Le CIO le tient à l’oeil. L’épisode Zahia Hadid l’a déjà contraint à renoncer à organiser à Tokyo la finale de la Coupe du Monde de rugby en 2019. Plus question, désormais, de traîner en route. L’architecte a également promis de construire une enceinte pour les athlètes. « Je me suis mis dans la tête d’un sportif au moment de dessiner mon projet », a-t-il expliqué. Un raisonnement qui a notamment influencé ses choix concernant les terrains d’entraînement et l’installation des vestiaires.
« Je veux faire un stade qui pourra durer au moins 100 ans », s’est enflammé l’architecte après l’annonce de sa victoire. Le pays ne lui en demande pas. Le CIO non plus.