Le métier de président de fédération sportive internationale n’est décidément plus ce qu’il était. Hier encore, il s’apparentait à une mission de chef d’état, avec les honneurs et la déférence propres à la fonction. Aujourd’hui, la tâche consiste de plus en plus à éviter les coups et surveiller ses arrières. En ce début d’année olympique, Sebastian Coe pourrait observer l’horizon avec l’impatience de vivre ses premiers Jeux dans la peau du boss de l’athlétisme mondial. A la place, le nouveau président de l’IAAF, désigné en août dernier pour succéder à Lamine Diack, en est réduit à réparer de ses propres mains un navire qui prend l’eau de toutes parts.
Pour preuve sa première prise de parole de l’année, publiée mardi 5 janvier sur le site Internet officiel de l’IAAF. Un long texte titré sans nuance de ces trois mots: restaurer la confiance. Seb Coe y expose ses idées pour redonner du brillant à l’image d’une institution et d’un sport mis à mal par les affaires de dopage, les scandales de corruption et les révélations de la presse. Une feuille de route, au sens le plus laborieux du terme, où le Britannique promet notamment de doubler le budget consacré à la lutte antidopage et d’accroître très largement le nombre des contrôles et des athlètes suivis.
Sebastian Coe l’expose de façon explicite, ce retour à la confiance passe par un double effort, vers l’institution IAAF et vers ses compétitions. Pour chacun, un plan en 5 points. En voici le détail.
Restaurer la confiance dans l’organe dirigeant de l’athlétisme mondial
1. Restructuration de l’organe dirigeant avec une claire définition des responsabilités.
Calendrier : elle a commencé immédiatement après l’élection présidentielle et se terminera en milieu d’année avec la nomination d’un nouveau Secrétaire Général.
2. Un audit juridique et comptable.
Calendrier : un audit financier et juridique de l’IAAF par les cabinets Deloitte & Freshfields a débuté en novembre au siège de l’IAAF. Il est placé sous la supervision de Paul Deighton, ancien responsable de LOCOG et ancien ministre du gouvernement britannique. Remise du rapport lors de la réunion du Conseil de l’IAAF en mars. Fin prévue en milieu d’année.
3. Une plus grande responsabilisation et une sélection plus rigoureuse des officiels de l’IAAF.
Calendrier : le processus de vérification devra être terminé et les nouvelles commissions et groupes de travail mis en place en milieu d’année.
4. Davantage de transparence et de communication de la part du Comité d’Ethique indépendant de l’IAAF (anciennement Commission).
Calendrier : modifications des règles de procédure et des statuts de la Commission d’éthique de l’IAAF approuvées par le Conseil de l’IAAF le 26 novembre avec effet immédiat.
5. Réécriture de la Constitution pour la moderniser et s’assurer qu’elle remplit son office et offre des lignes de conduite et la protection nécessaires.
Calendrier : Ce processus est en cours, mais une nouvelle Constitution nécessite l’approbation des Fédérations membres de l’IAAF. Le prochain Congrès de l’IAAF aura lieu à Londres en aout 2017.
Restaurer la confiance dans les compétitions
1. Création d’une unité distincte d’intégrité pour notre sport qui assure une plus grande autonomie et qui passe en revue les principales questions touchant à l’intégrité de la compétition, en l’occurrence le dopage, la corruption, les paris et les falsifications concernant l’âge.
Calendrier : unité d’intégrité devra être opérationnelle avant les Jeux Olympiques de 2016
2. Doubler le budget antidopage (passer de 4 à 8 millions de dollars).
Calendrier : en fonction de la mise en place de l’unité d’intégrité en milieu d’année 2016
3. Doubler le nombre de tests au niveau international pour le porter à mille athlètes.
Calendrier : en fonction de la mise en place de l’unité d’intégrité et du doublement du budget en milieu d’année 2016
4. Consacrer davantage de ressources aux investigations concernant le dopage en athlétisme impliquant le personnel d’encadrement, y compris en employant une expertise spécifique au sein de l’unité d’intégrité.
Calendrier : dès la création de l’unité d’intégrité et de doublement du budget en milieu d’année 2016
5. Assurer une plus grande responsabilisation des Fédérations Membres dans la lutte contre le dopage et de tout autre sujet relatif à l’intégrité avec un suivi plus étroit de l’IAAF. Imposer des sanctions par le Conseil de l’IAAF en cas de manquement grave (p. ex., suspension de l’affiliation ou inégibilité aux championnats majeurs).
Calendrier : avec effet immédiat