Que les âmes sensibles soient prévenues: la terre pourrait bien trembler en violentes secousses, jeudi 14 janvier 2016, un peu après le début de l’après-midi. L’épicentre du séisme est déjà identifié: un hôtel de la ville allemande de Munich. A 15 heures tapantes, le Canadien Dick Pound (notre photo), doyen des membres du CIO et surtout président de la commission indépendante de l’Agence mondiale antidopage (AMA), ouvrira une conférence de presse annoncée explosive. Elle dévoilera la deuxième partie du rapport sur le dopage en athlétisme. L’épisode 2 d’un feuilleton que l’IAAF aurait préféré de jamais voir débuter.
En novembre dernier, la première partie de ce désormais fameux rapport avait envoyé la Fédération russe sur le banc de l’infamie. Mettant en cause ses dirigeants, mais aussi ses autorités sportives et l’agence russe antidopage, elle avait conduit l’IAAF et son président, Sebastian Coe, à prononcer une suspension provisoire de l’athlétisme russe.
La seconde partie devrait être au moins aussi sombre. Surtout, elle pourrait élargir le spectre au-delà des frontières de la Russie. En tête de liste des pays concernés: le Kenya. Juste derrière, un nouveau venu dans le flot des rumeurs: la Jamaïque.
Passé maître dans l’art du suspense et de l’effet d’annonce, Dick Pound a prévenu dans la presse britannique: « Quand nous rendrons publiques ces informations, il y aura un effet de sidération. Je pense que les gens se demanderont comment cela a pu être possible. C’est une trahison complète de ce que les gens en charge du sport devraient faire. »
David Howman, le futur ex directeur de l’AMA (il doit quitter ses fonctions en juin prochain après 13 ans de bons et loyaux services), lui a emboîté le pas dans la presse de son pays, la Nouvelle-Zélande: « Attendez-vous à des révélations nouvelles et des détails inédits sur le niveau de corruption. Le rapport dévoilera des informations sur les versements effectués par les dirigeants russes à destination de l’IAAF. C’est choquant et assez affreux. »
Une nouvelle affaire russe, donc? Pas seulement. Répondant aux questions d’un grand quotidien japonais, le Yomiuri Shimbun, Dick Pound s’est montré un peu plus précis sur le contenu de la deuxième partie du rapport de la commission indépendante. Il explique que les experts de la commission ont étudié en détail la base de données de l’IAAF, où figurent les noms de 5.000 athlètes. Une enquête qui a permis de révéler qu’il y avait, selon le Canadien, « très clairement un problème avec le Kenya. » Dick Pound insiste: « Je suis aujourd’hui assez convaincu qu’une enquête comparable à celle menée dans l’athlétisme russe sera bientôt conduite au Kenya. »
Mais, surprise, l’ancien président de l’AMA va plus loin. Il évoque aussi un autre pays: la Jamaïque. « Il y a certainement eu un problème également avec la Jamaïque dans le passé, suggère Dick Pound. Je me souviens de m’y être rendu peu de temps après les Jeux de Londres en 2012, où les athlètes jamaïcains avaient dominé les épreuves de sprint en athlétisme. J’avais expliqué aux gens que, pour un pays de seulement 2 millions d’habitants, dominer autant une discipline sans avoir effectué un seul contrôle antidopage pendant presque une année entière avant les Jeux représentait un problème. Un très sérieux problème. »
Le séisme annoncé jeudi prochain touchera-t-il, en plus de la Russie et de l’IAAF, le Kenya et la Jamaïque? A lire entre les lignes des déclarations de Dick Pound, il est facile de le penser.
La deuxième partie du rapport de la commission indépendante de l’AMA sera publiée sur le site internet de l’Agence, au moment précis où débutera la conférence de presse à Munich.