Sa réputation de capitale olympique n’est plus à faire, mais Lausanne pourrait bien revendiquer également bientôt un statut de place forte du jeu politique. Avec, en passage obligé, les locaux du Comité international olympique. Après le Français François Hollande et le Hongrois Viktor Orban, un troisième chef d’Etat y a fait étape. Matteo Renzi, le Premier ministre italien (à gauche sur la photo, avec Thomas Bach), a poussé jeudi 21 janvier la porte du Château de Vidy. Dans son ombre, le ban et l’arrière ban de l’équipe de candidature de Rome aux Jeux de 2024.
La visite de Matteo Renzi au CIO avait été annoncée depuis plusieurs semaines. Mais la candidature romaine lui a donné un dimension insoupçonnée en invitant à l’accompagner une impressionnante délégation d’officiels et de grands noms du sport italien. En tête de cortège, Luca di Montezemolo, le président de Rome 2024, et Govanni Malago, son homologue du comité national olympique (CONI). Prévu et logique. Juste derrière, les trois membres italiens du CIO, Mario Pescante, Franco Carraro et Ottavio Cinquanta. A leurs côtés, Francesco Ricci Bitti, l’ex président de la Fédération internationale de tennis, désormais installé à une place stratégique à la tête de l’ASOIF, l’association des fédérations internationales des sports olympiques d’été. Pour compléter le tableau, le vice-président de Rome 2024, Luca Pancalli, la coordinatrice générale, Diana Bianchedi, la responsable des relations avec les athlètes, Fiona May, et enfin le secrétaire général du CONI, Roberto Fabbricini.
Derrière le déploiement de forces, une volonté très nette de l’équipe italienne de se positionner en candidate très sérieuse dans la course aux Jeux de 2024. Matteo Renzi l’a expliqué en appuyant fort sur ses paroles: « C’est le bon moment, maintenant, pour Rome et pour l’Italie. Cette candidature intervient après une sévère défaite pour les Jeux de 2004 et le non du gouvernement Monti aux JO de 2020. Mais, cette fois, le gouvernement est à fond derrière le projet. Nous allons nous donner sans réserve et pédaler dans la bonne direction jusqu’en septembre 2017. Rome est une candidate très forte. Nous respectons tout le monde mais nous ne craignons personne. »
Lancé comme un avion, Matteo Renzi a volé le show à Luca di Montezemolo. En soi, une vraie performance. Le Premier ministre italien a assuré que « tout était prêt » dans le dispositif de candidature. Il a expliqué qu’une victoire serait « extraordinaire » pour Rome, une ville qui en connaît un rayon pour « réunir innovation et tradition. » Il a juré ses grands dieux que le gouvernement travaillait main dans la main avec le CONI, car « le sport fait partie de la culture italienne et constitue un investissement pour l’avenir. »
Giovanni Malago, de son côté, est revenu sur les grandes lignes d’un projet olympique placé, sans grande surprise, dans la droite ligne des résolutions de l’Agenda 2020 du CIO. « Nous proposons une candidature low cost », a précisé le président du CONI, avant d’expliquer que cette visite au CIO représentait une étape importante avant la remise du dossier définitif le 17 février à Lausanne.
Comme souvent en pareille circonstance, la forme importe plus que le fond. En se déplaçant en ordre de bataille pour rencontrer Thomas Bach, l’équipe de Rome 2024 a voulu envoyer au CIO le message d’une candidature unie et solidaire, où les autorités politiques font cause commune avec le mouvement sportif. Une façon de lever les doutes qui avaient pu naître après le retrait, en milieu de parcours, du projet olympique de Rome pour les Jeux de 2020.
Au même moment, les Italiens ont rendu public un sondage IPSOS réalisé ces jours derniers auprès de la population du pays. Il révèle que trois Italiens sur quatre sont favorables à la candidature de Rome. Sur les 2200 personnes interrogées, 77% assurent soutenir le projet olympique. Un pourcentage d’opinion favorable qui descend à 66% parmi les habitants de la capitale italienne.