Une nouvelle menace plane sur les Jeux de Rio. Sérieuse et inquiétante. Après la pollution de la baie, la violence dans les favelas, les retards dans les travaux et les coupes budgétaires, l’intrus du moment se nomme Zika. Le nom d’un virus dont les effets pourraient perturber la bonne marche du prochain événement olympique.
Transmis par une piqûre de moustique, le virus Zika est associé à une explosion de cas de bébés microcéphales. Alors que la préparation du carnaval bat son plein à Rio de Janeiro, il est en train de provoquer un début de psychose dans la ville brésilienne. Une psychose renforcée par les images d’inspecteurs des services sanitaires de la municipalité, couverts de la tête aux pieds d’une combinaison (notre photo), aspergeant d’insecticide le fameux Sambodrome, où doivent se dérouler les défilés des écoles de samba… et les épreuves olympiques de tir à l’arc au mois d’août prochain.
Les Brésiliens n’en font pas mystère: la menace est réelle. Interrogé par l’AFP, l’épidémiologiste Roberto Medronho explique: « Il est très difficile de contrôler le moustique Aedes aegypti à Rio, où un tiers de la population vit dans les favelas avec de nombreux foyers de prolifération, comme les eaux stagnantes. Pendant le carnaval, en plein été et avec une grande circulation de personnes, il y a un risque objectif de contracter le virus Zika. »
Même inquiétude du côté des autorités. Le ministre brésilien de la Santé, Marcelo Castro, a suggéré en fin de semaine passée que le moustique Aedes aegypti était en train de remporter la « guerre » que lui mène depuis 30 ans les autorités sanitaires au Brésil. Il n’a pas craint de recommander aux femmes « d’éviter de tomber enceinte en ce moment ». Ben oui.
A un peu plus de six mois de l’ouverture des Jeux de 2016, le virus Zika plane déjà sur la quinzaine olympique. Les Brésiliens la savent. Ils ont annoncé un train de mesures censées réduire les risques, assurant que tous les sites seraient inspectés de façon complète un mois avant le début des JO. Il est même prévu la présence d’équipes sanitaires pendant les Jeux, appelées à se pencher au quotidien sur toutes les zones à risques, en priorité les eaux stagnantes.
Il n’empêche, la menace inquiète certains comités nationaux olympiques. L’Australie a été la première à réagir. Ses autorités sportives ont publié ce mercredi 27 janvier un communiqué dans lequel elles précisent l’état de la situation et les mesures à prendre. Un communiqué où le comité olympique australien n’hésite pas à suggérer que les femmes enceintes y réfléchissent à deux fois avant de faire le voyage vers Rio de Janeiro pour les Jeux d’été.
Le comité olympique australien va plus loin. Il assure avoir confié à son médecin officiel, Dr David Hughes, et à son équipe de spécialistes la mission de surveiller de près la situation sanitaire au Brésil et son évolution. Il recommande surtout aux athlètes de se préparer déjà à vivre des Jeux un peu particuliers. « Il n’existe aucun vaccin contre ce virus, précise le communiqué. Mais nous conseillerons aux membres de la délégation australienne de porter des manches longues dans les zones comportant des risques de piqûres de moustiques, particulièrement autour des eaux stagnantes et d’une épaisse végétation. De même, il sera recommandé à tous au village des athlètes de conserver portes et fenêtres fermées en permanence, en privilégiant l’air conditionné pour garder une certaine fraîcheur. »