Thomas Bach aurait-il des vues sur le Prix Nobel de la Paix? En visite à Athènes, en Grèce, où il était invité à une remise de trophées du sport, le président du CIO s’est autorisé un détour vers un camp de réfugiées. En soi, déjà, un geste riche en symboles. Mais l’événement a eu une résonance encore plus politique lorsque le dirigeant allemand a annoncé que le parcours de la flamme des Jeux de Rio passerait par le camp des migrants des environs d’Athènes. Et, mieux encore, que l’un de ses réfugiés serait invité en a assuré un relais en avril prochain.
Le CIO n’a jamais traîné la patte dans la crise actuelle des réfugiés. Dès l’an passé, l’organisation olympique a fait savoir qu’elle avait débloqué un fonds d’aide de 2 millions de dollars, destiné au comités nationaux olympiques pour financer leurs initiatives en faveur des migrants. Au dernier pointage, le pactole aurait été utilisé en quasi totalité.
Depuis Thomas Bach a expliqué que les athlètes actuellement hébergés dans des camps, en Europe ou ailleurs, seraient les bienvenus aux Jeux de Rio. Pere Miro, le directeur adjoint au CIO pour les relations avec le mouvement olympique, en a déniché trois en fin d’année 2015: une nageuse syrienne réfugiée en Allemagne, un judoka congolais au Brésil et une spécialiste iranienne du taekwondo installée en Belgique.
A Athènes, Thomas Bach a franchi jeudi 28 janvier une étape supplémentaire. Le président du CIO a visité le camp d’Eleonas, il a même tapé dans la balle avec les migrants sur un terrain de fortune, puis il s’est entretenu longuement en privé avec une famille de six réfugiés venus du Yémen. Surtout, Thomas Bach a expliqué qu’il y aurait une équipe de réfugiés aux Jeux de Rio. « Ils ne seront pas nombreux, sans doute entre 5 et 10 », a-t-il précisé. Puis il a raconté que ces migrants en attente d’un pays d’accueil seraient logés au village des athlètes et défileraient à la cérémonie d’ouverture sous la bannière olympique.
Pas mal, déjà. Mais Thomas Bach, accompagné dans son voyage à Athènes par Jacques Rogge (notre photo), veut pousser encore un peu plus loin le bouchon de la symbolique. Son idée: faire passer le parcours de la flamme, à la fin du mois d’avril en Grèce, par le camp des réfugiés d’Eleonas, installé depuis le mois d’août 2015 dans une zone industrielle des faubourgs d’Athènes. Un très vaste camp où vivent majoritairement des familles de migrants venus d’Iran et d’Afghanistan, mais également d’Irak, Syrie, Mali et Sierra Leone.
Le légendaire flambeau doit en effet être allumé le 21 avril à Olympie, comme le veut la tradition. Il doit ensuite vivre sa vie de torche olympique pendant 12 jours en Grèce, avant de monter à bord d’un avion, attacher sa ceinture et rejoindre Rio de Janeiro où les organisateurs des Jeux l’attendent le 3 mai 2016. En Grèce, il s’offrira un détour inédit dans le camp d’Eleonas. Historique et délicieusement médiatique.
Pas mal, vraiment pas mal. Mais ce n’est pas tout. A Athènes, la flamme olympique sera portée par l’un des migrants hébergés dans le camp d’Eleonas. L’heureux élu sera invité à en assurer un relais. « Nous voulons montrer au monde dans quelles conditions vivent actuellement ces milliers de réfugiés, quelle est leur situation et leurs difficultés », a confié Thomas Bach. Top.