L’information est révélée par l’agence Reuters. Elle devrait faire grand bruit. Le comité olympique américain USOC a organisé à la fin du mois de janvier 2016 une réunion téléphonique avec les représentants des fédérations sportives nationales concernées par les Jeux de Rio. Une « conference call » consacrée au virus Zika et à ses conséquences sur les prochains Jeux d’été, au cours de laquelle l’USOC a recommandé aux futurs membres de la délégation américaine de ne pas se rendre à Rio en août 2026 s’ils se sentaient menacés.
Le virus Zika tourne sournoisement depuis plusieurs semaines autour de la préparation des Jeux de 2016. Il en est même devenu le premier sujet depuis la décision de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le 1er février, de déclarer les pays touchés en état d’alerte sanitaire. Le CIO s’est exprimé sur la question, à plusieurs reprises. Les autorités brésiliennes et le comité d’organisation également. Dans tous les cas, le discours se veut rassurant. Les uns comme les autres insistent sur l’importance de prendre quelques précautions, mais en expliquant que le risque sera nettement moindre à l’époque des Jeux, l’hiver dans l’hémisphère sud, une période de l’année où les moustiques sont moins nombreux.
Aux Etats-Unis, pourtant, l’inquiétude est réelle. Et les réactions assez vives. L’agence Reuters rapporte les propos de Donald Anthony, le président de la Fédération américaine d’escrime (USA Fencing): « Une des premières choses qu’on nous a dit (au cours de la conférence téléphonique) a été que, si les femmes enceintes ou qui projetaient de l’être avaient l’intention de se rendre à Rio, et bien elle ne devraient pas le faire. » Un principe de précaution pour le moins radical, surtout à six mois de l’événement.
Toujours selon Donald Anthony, l’USOC a fait savoir aux fédérations sportives américaines que le choix de se rendre ou non aux Jeux de Rio devrait rester individuel. Mais le comité national olympique recommande à tous ceux, athlètes, entraîneurs ou dirigeants, qui se sentent « en danger pour leur santé » de renoncer à participer aux prochains Jeux.
Sollicité par l’agence de presse britannique, le directeur du haut niveau de l’USOC, Alan Ashley, n’a pas souhaité s’exprimer. Mark Jones, le porte-parole de l’USOC, a confirmé de son côté que les fédérations ont bien été briefées sur les recommandations du CDC (le centre américain de contrôle et de prévention des maladies), et qu’elles le seront encore au cours des prochains mois en fonction de l’évolution de la situation.
Toujours selon Reuters, le directeur des sports de la Fédération américaine d’équitation, Will Connell, confirme les propos de Donald Anthony. Il assure lui aussi que l’USOC a précisé qu’il reviendrait à chacun de prendre sa propre décision par rapport à sa perception des risques. « Ils nous ont dit que personne ne devrait se sentir obligé d’aller à Rio pour les Jeux s’il se sentait menacé », a expliqué Will Connell.
A en croire Donald Anthony, la psychose du virus n’a pas gagné les athlètes. Pas encore. « Les escrimeurs n’en parlent pas, reconnaît le président de la Fédération américaine. Je n’en ai pas entendu un seul manifester une crainte à ce sujet. »
La présence du virus Zika a été reconnue par les autorités sanitaires dans 33 pays, pour l’essentiel en Amérique du Sud. Au Brésil, les enquêtes ont confirmé à ce jour au moins 400 cas de microcéphalie qui pourraient être directement liés à Zika.